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21 juin 2006
Rafles


Le voici revenu le temps de l'innommable,
Le temps où l'être humain est traîné dans la boue,
Où il est arrêté dans son lit, à sa table.
Le respect de la vie ne vaut plus rien du tout.

La chasse aux sans papiers se fait à grande échelle.
Elle est la diversion d'un régime pourri,
Qui pour masquer à tous l'odeur de ses poubelles,
Poursuit le sans papier, le cloue au pilori.

Des gens en uniforme font la sale besogne,
Exécutent, fidèles, les ordres scélérats,
Reprennent aujourd'hui, et cela sans vergogne,
Les ignobles méfaits pourtant qu'on condamna.

Valets obéissants, ils exécutent l'ordre.
Ils ont, comme toujours, l'alibi de la loi.
Jamais ne leur viendrait l'impératif de mordre,
Cette main assassine qui désigne leur proie.

Ils frappent à l'école pour arrêter des gosses,
Les prennent dans leurs classes, les envoient, inhumains,
Dans des centres fermés, gardés par des molosses,
Les mettent dans l'avion, vite, le lendemain.

Peu sont les courageux aux fonctions officielles,
Qui osent publiquement dénoncer, s'opposer.
Préférant obéir, ils obstruent leurs cervelles.
Ramper comme un serpent ça évite d'oser.

Tout ça se fait ici, "Patrie des Droits de l'Homme",
Terre où, dans le passé, l'ignoble s'est produit.
Dire "Plus jamais ça !" n'a aucun sens, en somme,
En ce début de siècle tombe, déjà, la nuit.

De la masse anonyme sortent pourtant des Justes,
Qui cachent les enfants dans leurs appartements.
Ils s'opposent, enfin, aux décisions injustes,
Et montrent qu'on peut vivre, ici, humainement.

Un jour viendra, c'est sûr, où les salauds, les traîtres,
Auront à rendre compte de leurs ignominies.
Et, la tête baissée, ils iront comparaître
Devant un tribunal, comme Papon le fit.


La Belette

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3 mai 2006
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy : Ils arriveront quand même...


par Jacques LACOUR,
Koudougou, Burkina Faso, le 5 avril 2006
Source : http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=13443




A Monsieur Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur,

A Messieurs les ministres de l'intérieur de l'Union Européenne,



L'une de vos préoccupations aujourd'hui semble être d'endiguer le flux ininterrompu des réfugiés économiques qui assiègent les frontières de l'Union Européenne, réfugiés qui, pour beaucoup, viennent d'Afrique noire.

Nous savions depuis longtemps que la pression était forte et des milliers de cadavres balisent déjà les routes du désert quand les vieux camions rendent l'âme, le détroit de Gibraltar quand coulent les frêles embarcations, ou les autoroutes d'Europe quand on oublie d'aérer citernes ou conteneurs où ils voyagent.

Qu'une route se ferme, une autre s'ouvre... et il va en être ainsi pour longtemps !

Vous pouvez bien affréter ces humiliants charters de "retour au pays" qui blessent profondément l'âme hospitalière africaine, elle qui garde mémoire d'avoir été convoquée pour défendre la mère patrie !

Vous pouvez bien mettre une troisième rangée de grillage à Ceuta et Mellilla (Que faisons-nous encore là-bas ?) ou faire disparaître le camp de Sangate !

Vous pouvez bien organiser des reconduites aux frontières sous les feux des caméras de télévision, cela rassurera peut-être vos opinions publiques mal informées !
Cela n'arrêtera pas l'arrivée des réfugiés économiques !

Ils arriveront quand même parce que les gouvernements français et européens n'ont jamais vraiment souhaité que les paysans d'Afrique de l'Ouest (80% de la population) puissent vivre du travail de leur terre. Vous refusez d'acheter leurs produits à un prix rémunérateur qui leur donne la possibilité de rester chez eux. Vous refusez d'investir dans l'agriculture familiale qui seule peut fixer les populations chez elles.

Vous avez toujours préféré distribuer de l'aide déstructurante quand il est trop tard et que les plus faibles sont déjà morts. Vous préférez apporter une aide tardive avec vos stocks d'invendus transportés à grands frais, plutôt que de créer un environnement qui permette aux paysans africains de développer leurs propres productions et leurs propres stocks.

Vous déstabilisez leurs marchés avec les faux prix du pseudo marché mondial, que vous bricolez à votre guise (par des subventions ou du dumping). Et vous annoncez à tous cette nouvelle soit-disant vérité : commerce ultra-libéral = développement.

Alors que nous voyons chaque jour que cette recette ne fait qu'enrichir les riches et appauvrir les pauvres...

Ils arriveront quand même parce que vos collègues chargés du développement l'ont trop souvent réduit à des aides budgétaires ou à des prêts ponctuels favorisant des régimes corrompus à la tête d'Etats où règnent le non-droit, la corruption et le racket permanent des plus faibles. Peu de chances alors de voir les plus jeunes se motiver dans un tel environnement. Ils veulent venir en Europe, et ils viendront.

Ils arriveront quand même parce que, quittant la campagne, ces jeunes ne trouvent dans les villes sous-équipées ni travail, ni considération, ni perspectives d'avenir. Les quelques emplois qui existent sont déjà aux mains d'une minorité qui se les réserve. Restent les seuls chemins de l'aventure que "TV5 monde" fait briller à leurs yeux. Ils rêvent de l'Europe.

Ils arriveront quand même parce que finalement vous en avez besoin

dans l'agriculture (légumes, fruits et primeurs) parce que la grande distribution, en écrasant les prix, ne permet pas de salarier normalement ceux qui produisent et récoltent,

dans le bâtiment, parce que les contrats de sous-traitance de nos grands groupes BTP, s'ils favorisent la création d'importants bénéfices, ne permettent pas non plus de rémunérer normalement la main-d'oeuvre de ce secteur,

... et parce qu'il faudra bien remplacer l'importante génération du "baby-boom" qui commence à prendre sa retraite.

Quand la communauté européenne prendra conscience que le monde a besoin de toutes les agricultures du monde,

quand la communauté européenne décidera qu'il est juste et bon que l'Afrique protège ses filières de productions naissantes (agricoles et autres) pour parvenir à la souveraineté alimentaire,

quand la communauté européenne ouvrira vraiment ses marchés aux productions de l'Afrique sub-saharienne pour qu'elle devienne enfin solvable,

quand la communauté européenne renoncera à imposer ses Accords de Partenariat Economique (APE, qui sont en fait des accords de libre-échange) qui vont ruiner ce qu'il reste encore de production locale et appauvrir un peu plus les Etats africains,

quand la communauté européenne cessera de soutenir les "démocratures" africaines,

Alors, Monsieur le ministre, Messieurs les ministres, alors seulement, peut-être, la pression sera moins forte à vos frontières.

Bon courage !

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22 avril 2006
La "victoire" sur le CPE


Ce n'est pas parce qu'il y a encore tout à faire que nous devons bouder notre victoire. Le même Chirac qui avait promulgué la loi, a demandé de ne pas l'appliquer entièrement. Le même Villepin qui, la semaine auparavant, claironnait qu'il n'y aurait "ni retrait, ni suspension, ni dénaturation du CPE", a été contraint par "la rue", d'annoncer le "remplacement" de ce contrat qui puait le XIX° siècle et le XVI° arrondissement de Paris. Les mêmes députés UMP qui avaient voté pour ce contrat, avec l'enthousiasme qu'on leur connaît pour tous les textes de régression sociale, ont monté en catastrophe une sorte de mélodrame : l'UMP s'acharnait sur ce qu'elle venait d'enfanter et en dissimulait la disparition. 

La victoire est due à la mobilisation (des manifs toujours plus belles), à la détermination (refus de négocier le CPE), à l'unité, la remarquable unité des lycéens, des étudiants et des salariés, unité de toutes les organisations syndicales, solidarité de toutes les organisations politiques de gauche. Cette fois-ci, le front syndical ne s'est pas désuni, quand le gouvernement aux abois a proposé de discuter de la durée du CPE ou de la motivation du licenciement. La «culture de négociation», c'est-à-dire négociation sans mobilisation, qui a montré ces dernières années, en 1986 ou en 2003 par exemple, combien elle pouvait être néfaste, a été, dans cette lutte contre le CPE, heureusement mise à l'écart par les syndicalistes qui l'avaient naguère défendue.

Si le puissant mouvement populaire de ce printemps 2006 nous a permis de sortir de la grisaille, point de griserie cependant : le CPE dans le tiroir, il reste, comme l'a dit Maryse Dumas (CGT), son grand frère, le CNE; il reste la loi sur l'égalité des chances; il reste ce gouvernement ultra réactionnaire et ses parlementaires toujours prêts à voter les textes les plus éreintants, les plus humiliants pour le peuple.

Le rapport de forces actuel ne permettra pas de négocier des avancées significatives pour les jeunes et les travailleurs sans d'autres mobilisations massives, exigeantes et dans l'unité.

Demandons le retrait du CNE, de la loi dite de l'égalité des chances, du code Sarkozy sur l'immigration (CESEDA).

Demandons la régularisation des sans-papiers.

Demandons la libération et l'amnistie pour les manifestants de novembre et ceux du printemps 2006.



Jean-Louis Ribeira
Marseille, le 20 avril 2006

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21 avril 2006
Une victoire, mais le compte n'y est pas dans la lutte contre la précarité


Au moment où la lutte devenait plus offensive, le pouvoir exsangue, divisé, déconsidéré, a cédé. Il a capitulé avant que l'irrésistible mouvement de la jeunesse entraîne dans son sillage la masse des travailleurs.

Chirac et sa bande espèrent calmer le jeu et briser la colère en remettant en cause 1 seul article parmi les 52 que contient cette loi dite cyniquement « de l'égalité des chances ». Il espère ainsi reprendre le cours des affaires et continuer le dé-tricotage du code du travail faisant du salarié un objet adaptable aux exigences du profit et du cours de bourse.

Il en va ainsi de l'apprentissage à 14 ans, du travail de nuit autorisé pour les 15 ans, et dans le cadre du CNE : de l'indemnité de précarité réduite de 2 points et de l'abandon du motif de licenciement… La liste est longue et le processus est entamé depuis longtemps, bien avant l'arrivée à la présidence de Jacques Chirac.

Ajoutons à tout cela les successives lois infâmes contre les immigrés.

Ce magnifique et joyeux combat de la jeunesse créait un rapport des forces qui allait emporter toutes ces lois. Il osait exprimer une résistance à ce modèle social. Pour la première fois, depuis mai 1968, la jeunesse s'est confrontée massivement à la politique, d'abord dans les quartiers pauvres, puis dans les lycées et les universités, sachant peu à peu construire des ponts entre ces deux mouvements.

Le pouvoir a ouvertement reculé. C'est une grande victoire. Mais les directions syndicales « unies, fières et triomphantes » ont malheureusement limité leurs attentes à la seule victoire contre le CPE, abandonnant de fait les autres revendications et oubliant les victimes de la répression policière encore incarcérées ou sous le coup d'une condamnation vengeresse. Est-ce une surprise ?

De cette révolte, de nombreux militants peuvent émerger pour condamner les méfaits du capitalisme et imaginer les combats à venir.

C'est l'aspect majeur à retenir de ces semaines écoulées heureuses et formatrices.

C'est un espoir.



Sur le site de Ballon Rouge : d'autres points de vue exprimés (format pdf)
Ballon Rouge
BP 520 - Le Charrel - 13681 Aubagne Cedex
accueil@ballonrouge.org - http://ballon.rouge.free.fr


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16 avril 2006
Après le retrait du CPE, la lutte contre la précarité continue !


C'est une première victoire contre la précarité. Certes, les patrons ont d'autres contrats déjà à leur disposition, mais ils devront remballer pour quelques temps leur projet de contrat unique que le gouvernement prévoyait de voter cet été, c'est-à-dire la généralisation du CPE/CNE à toutes les entreprises et toutes les classes d'âge.

C'est aussi une victoire politique contre le gouvernement. La première qu'une lutte ait réussi à imposer depuis une dizaine d'années. Une telle victoire en appelle d'autres et les travailleurs qui entreront en lutte dans les mois à venir se sentiront renforcés par cette bataille.
C'est une victoire face à l'Etat, à ses institutions. Les ministres ont essayé de nous convaincre que puisque la loi avait été votée, c'était terminé. Ils n'ont fait que transformer la crise du CPE en crise politique, rajoutant finalement le ridicule à la reculade. Ils ont surtout montré à tous, que leur belle démocratie n'était qu'une dictature, la dictature du capital... et qu'on pouvait la battre !
C'est une victoire sur le plan des idées. La mobilisation a mis à nu le mensonge gouvernemental, les fausses justifications de la lutte contre le chômage. Elle a aussi porté en avant le refus d'être de la main d'œuvre jetable.
Enfin, c'est une victoire sur les valeurs individualistes proposées par les chaînes de télé avec les "reality show" ou des émissions comme "le maillon faible". Les jeunes qu'on disait individualistes se sont battus, non pas en tant qu'étudiant, mais en tant que futurs travailleurs en faisant preuve d'un sens du collectif extraordinaire.


Lutter contre la précarité, lutter contre le capitalisme !

Mais la lutte n'est pas terminée. Les capitalistes ont perdu une bataille mais continuent leur guerre contre nous. Il faut relancer la mobilisation contre le CNE, contre la loi soi-disant "Egalité des chances" qui permet l'apprentissage à 14 ans et le travail de nuit à 15. Il faut se battre contre le CESEDA qui aggrave considérablement la situation des immigrants et demandeurs d'asile. Une rupture du contrat de travail entraînerait la perte automatique du droit au séjour.

Toutes ces mesures visent à plier les travailleurs aux besoins des entreprises avec un seul but : faire baisser le coût du travail. Car pour ces gens là, nous ne sommes pas des humains produisant des biens et des services pour d'autres humains. Nous sommes des coûts qu'il s'agit de réduire pour que grossissent encore plus vite des masses de capitaux déjà gigantesques.
Lutter contre la précarité demande donc de lutter contre sa cause : le capitalisme. Il nous faut arrêter ce fonctionnement de folie. Faire en sorte que les machines, les richesses produites, servent les humains au lieu de nous détruire.


Un autre monde est nécessaire !

Mais cette société ne viendra pas toute seule. Elle ne viendra pas non plus des urnes et du cirque électoral. Elle ne peut être que le résultat de mobilisations encore plus fortes que celle contre le CPE avec des millions de travailleurs dans la rue, des grèves prolongées, des comités de grève, des comités de ville et une prise du pouvoir par ces comités centralisés.
Ça s'est déjà produit dans l'histoire. Cela s'appelle une révolution.
Mais se diriger consciemment vers ce but demande une bataille politique. Cela demande de construire, dans des luttes petites et grandes, une force révolutionnaire de travailleurs. C'est à cette condition que nous sortirons de la confusion dans laquelle le cirque politico-médiatique nous entretient.
Il faut bâtir nos propres forces et arrêter de faire confiance dans les marionnettes qui s'agitent à la télé.


Se démarquer des faux amis

François Hollande et Ségolène Royal se frottent les mains. Le PS s'est refait des couleurs et s'est trouvé une différence avec la droite. Mais on ne sait rien de leur programme de gouvernement. Pas besoin d'être très malin, cependant. Ce sera la même chose qu'entre 1981 et 1986, puis entre 1988 et 1993, enfin entre 1997 et 2002.
Le PCF cherche déjà à y négocier une place pour la survie de son groupe parlementaire et de son pouvoir municipal.
Les directions syndicales confédérales sortent renforcées. Leur fermeté dans le rejet nous a servi. Mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle dure.
Elles l'ont dit et répété ; ce qui les a choqué c'est le manque de concertation du gouvernement. De nombreuses voix se sont élevées parmi les politiciens et les journalistes pour reconnaître le sens des responsabilités des "partenaires sociaux" et critiquer l'erreur de Villepin.
Désormais, les attaques programmées par le pouvoir bourgeois feront l'objet de discussions avec les directions confédérales qui en atténueront certains aspects, obtiendront des contreparties ici ou là. Tout ça au nom de "l'adaptation de la main-d'oeuvre aux besoins de l'économie française."


Attention à la "flexisécurité" !

Le prochain objectif de négociation a été désigné dans le discours de Chirac du 31 mars et celui de Villepin du 10 avril. C'est la "Sécurisation des Parcours Professionnels" selon les mots de la CFDT ou bien la "Sécurité Sociale Professionnelle" selon les documents de la CGT.
Il s'agit du transfert de droits individuels (et non collectifs) d'un employeur à l'autre, avec l'obligation de formations et d'un niveau d'allocation supérieur à aujourd'hui.... en l'échange évidemment de l'acceptation de la précarité et de la flexibilité. Borloo, Aubry, Parisot, Royal,… trouvent ça très bien. Probablement y voient-ils l'opportunité de remettre en cause les conventions collectives.
Les attaques à venir, vont donc être des batailles contre le patronat et le gouvernement, mais elles traverseront aussi les syndicats car il nous faudra maintenir ou transformer nos syndicats de base en organes de lutte.


Construire nos forces dès aujourd'hui

Refusons de suivre ces dirigeants, politiques ou syndicaux qui cherchent à nous entraîner derrière eux au nom du moindre mal. 25 ans de moindre mal nous a conduit au pire !
Restons mobilisés contre le CNE, contre la loi "Egalité des chances", contre le CESEDA.

Prenons en main nos propres intérêts et construisons nos outils syndicaux et politiques pour porter une véritable alternative au capitalisme... 

VPMarc

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16 avril 2006
"Mouvement social" : l'impasse


La décision du Conseil Constitutionnel à propos de la loi sur "l'égalité des chances", reconnaissant sans réserve sa constitutionnalité puis, quelques jours après le "remplacement" du CPE par un "dispositif d'aides à l'emploi des jeunes" pose le problème de la stratégie de ce que l'on peut appeler le "mouvement social".
Le Pouvoir a habilement réussi à figer la situation, "ni retrait, ni application"... puis à "retomber sur ses pieds" en "aménageant" la loi. Tout dans les termes, rien sur le fond.
Il a reculé, mais n'est-ce pas pour mieux sauter ?

Le rapport de force entre le pouvoir, et ce que l'on appelle le "mouvement social" repose sur une donnée essentielle qui pèse lourd sur l'issue du conflit : l'inexistante expression politique de ce dernier.


Les deux légitimités

Incontestablement deux "légitimités" s'affrontent et se sont clairement affrontées dans ce conflit :
- une légitimité "officielle" qui est celle du pouvoir en place. Sur un plan du droit et de la procédure de désignation, il n'y a rien de contestable : le gouvernement de la France est légitime, de même que toutes les décisions qu'ils prend, ce qui permet au pouvoir de dire en toute légitimité: "le pouvoir n'est pas dans la rue".
- une légitimité "non officielle" qui est celle de la rue. Sur le plan du droit, cette "légitimité" n'existe pas. Pourtant, dans certain cas, le Pouvoir ne peut l'ignorer.

Cette contradiction, que le droit ne peut reconnaître, montre concrètement les limites de la "démocratie représentative" : il ne peut, y avoir légitimité qu'en droit, mais pas en fait... et pourtant ! Il y a là un incontestable conflit de légitimité.

Ce n'est pas un problème nouveau. L'Histoire n'est que la succession de solutions apportées à cette question. Mais aujourd'hui qu'en est-il ? Que peut-il se passer ?
Le problème pour le pouvoir est, tout en sauvant l'apparence de sa légitimité, en promulguant la loi, d'assumer et de dépasser un rapport de force avec le mouvement social qui lui conteste, de fait, cette légitimité.

Dans l'affaire du CPE, le pouvoir n'a pas voulu donner l'impression de céder et, dans un premier temps, en promulguant la loi, il a montré que, formellement, il ne cédait pas à la pression de la rue qui en demandait le retrait. Par une ridicule pirouette, mais avait-il le choix, il a promulgué une loi apparemment inapplicable puisqu'il n'en a pas demandé l'application (?)... et, finalement, en a remplacé une partie, l'article 8, par une autre.

Cette situation volontairement ambiguë, mais aussi résultat des rapports de pouvoir à la tête de l'Etat, met l'opposition politique et syndicale, ainsi que le "mouvement social" dans une position inconfortable. Celle d'opposant à un pouvoir politique intransigeant et manipulateur qui donne l'apparence de la volonté de dialogue, qui joue le pourrissement de la situation tout en se réservant le droit de revenir ce sur quoi il n'a jamais cédé : la loi sur "l'égalité des chances".

Cette ambiguïté, qui aurait pu apparaître comme une victoire des opposants à la loi, a dans un premier temps renforcé les positions d'opposition. Pourquoi ? Pour deux raisons :
- les partis politiques et autres organisations qui ont la prétention de représenter le mouvement social ont senti la manipulation et veulent faire payer son impudence au pouvoir (49-3 au Parlement et syndicats ignorés) en lui faisant "perdre la face". Il y va de leur stratégie politique, plutôt d'ailleurs politicienne : déconsidérer les candidats UMP, en vue des prochaines échéances électorales.
- pour le "mouvement social", et en particulier les jeunes, le CPE a pris un sens beaucoup plus large que la simple loi "égalité des chances". C'est toute la dynamique de précarisation qui est à l'oeuvre dans notre société qui est pris pour cible... posant ainsi, implicitement, sinon explicitement, la question du sens de ce système.


Toutes les organisations politiques et syndicales ont fait leur le principe qui fait du pouvoir représentatif, le pouvoir légitime. Les premières, soutenues d'ailleurs par les secondes, au pouvoir, réaffirment ce principe.
Dans l'opposition elles reconnaissent la légitimité de la rue à la condition que cette même rue les porte au pouvoir... d'où elles ne reconnaissent que le pouvoir "légitime". La boucle est bouclée. Ainsi la "rue" est manipulée par les unes et les autres avec, pour seul objectif, l'accès au pouvoir des bureaucraties politiques.


Du soutien... au contrôle

Toute possibilité d'initiative du mouvement social est parasitée par les "institutionnels de la politique". En effet, les organisations politiques et syndicales s'arrogent, de fait, le droit de la représentation et, ce qui est plus grave, de la négociation. Outre le fait qu'il s'agit d'un véritable "abus de pouvoir", au regard du mouvement social en lutte, elles n'ont aucune légitimité en matière de représentation.
Cette situation induit, entre ces organisations, une concurrence et une surenchère, sources de toutes les démagogies. Ainsi, et ce n'est qu'un exemple, le Parti Socialiste ose impunément se présenter comme le champion de la lutte contre la libéralisation de l'économie (???). Ainsi, l'UNEF (manipulée par le PS), absente dans de nombreux lieux universitaires, "parle et négocie au nom des étudiants" (?).

Cette tendance à la monopolisation/confiscation du pouvoir dans le "mouvement social" par la Gauche n'est pas pour déplaire à la Droite et au Pouvoir.
Pourquoi ? Parce que cette situation est une garantie du "non débordement" du mouvement sur des questions sensibles qui remettraient en cause les fondements même du système marchand... tant il est vrai et vérifié que la Gauche n'a aucune intention d'aller "trop loin" dans la contestation.
Le contrôle du mouvement social par les différentes tendances de la "Gauche" (politiques et syndicales) le cantonne dans les limites de l'acceptable, commun à toutes les formations politiques officielles et par le système lui-même.

Les médias jouent un rôle essentiel dans cette mystification, en particulier dans le dévoiement du mouvement et l'orientation de son action vers la compromission et la capitulation. Ils valorisent systématiquement les "responsables de..." qui ne sont en fait que les représentants des bureaucraties politiques et syndicales. La base, les coordinations, c'est-à-dire l'élément essentiel, moteur de la mobilisation, est systématiquement ignorée.
La négociation se fait alors "entre gens responsables", "entre gens de dialogue", c'est-à-dire entre gens qui acceptent les limites et les règles du jeu imposé par le système.
Ce qui explique que le chef de la majorité parlementaire puisse appeler au téléphone, au cours d'un week-end, l'ensemble des "responsables syndicaux" pour amorcer la sortie de crise, sans se faire raccrocher au nez !
Le début de la liquidation du mouvement est ainsi enclenché.



Que peut-il se passer ?

Rien que du très classique.
Le temps joue contre les opposants car la lente et laborieuse procédure mise en place par le Pouvoir n'a pour seul objectif que d'user les énergies et accroître les conflits entre grévistes et non grévistes, diviser pour régner, conflits complaisamment répercutés par les médias. Un mouvement social qui n'avance pas, recule.

Qu'il y ait retrait (ce qui n'est pas le cas pour des raisons d'opportunité politicienne, mais aussi pour une question de principe) ou non de la loi sur "l'égalité des chances", même s'il y a "remplacement" de l'article 8, rien n'est réglé concernant l'emploi.
C'est le cadre marchand de l'économie mondialisé qui va, de toute manière, déterminer les dispositions qui seront prises. Rappelons que le CNE, copie conforme du CPE, n'est lui pas du tout remis en question.
Quel sens peut avoir une suppression du CPE si le CNE existe ? La métastase CPE a été enlevée, pas la métastase CNE. La déréglementation du marché du travail va se poursuivre.

Le Pouvoir va négocier, éventuellement, avec les syndicats, une "nouvelle loi". Pour la forme, elle ne va faire aucune référence au CPE honni mais introduire des éléments "nouveaux" censés "aider à l'emploi" suivant la formule consacrée, autrement dit déréglementer, mais pas trop.
Le front syndical se fissure doucement, ce qui était prévu. Les syndicats vont négocier et finalement accepter, en ordre dispersé, "au nom du réalisme" et présenteront ça comme une "victoire par rapport à ce qu'était de CPE". "Il vaut mieux ça que rien," etc.
Chez les jeunes, les scissions vont apparaître entre ceux qui déclarent avoir obtenu ce qu'ils demandaient, le retrait du CPE, soutenus par les syndicats et partis politiques trop contents d'en rester là, et ceux qui veulent aller plus loin, remettre en question le statut du travail dans notre société, passant pour des "extrémistes" et autres "jusqueboutistes".
Entre temps, la mobilisation générale aura cessé. Les vacances de Pâques seront arrivées. Les étudiants et les lycéens prépareront les examens. Les derniers bastions de résistance tomberont, les uns après les autres, alimentant les frustrations.
L'actualité passera, on parlera grippe aviaire, sport, catastrophes aériennes et incendies de forêts. A la rentrée de septembre, la cuisine électorale commencera et étouffera tout.

Si la Gauche passe en 2007 elle sera toute contente de trouver une loi sur l'emploi qu'elle n'aura pas besoin de faire voter avec les risques que cela comporte.
J'exagère ? Mais c'est comme cela, à quelques détails prêts, que ça s'est passé à propos des privatisations, du service public, de la protection sociale et des retraites.


Le déficit stratégique du mouvement social

Peut-il/pouvait-il en être autrement ?
Non ! Dans l'état actuel de la conscience collective, on ne pouvait certainement pas espérer une autre issue. La situation politique est verrouillée par les partis et par l'incapacité collective à penser le politique autrement.
Une victoire dans ces conditions ne peut-être que partielle... une victoire sur le système marchand exige d'autres moyens politiques et une véritable stratégie. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

La situation est-elle désespérante, comme certains vont la ressentir ? Non. Il s'agit, une bonne fois pour toute, de prendre conscience de cette situation et ne surtout pas en conclure que c'est "chaque fois pareil" et que "l'on n'en sortira jamais".
Indépendamment de la manière dont se termine ce conflit nous pouvons, et pourrons, et devons en tirer des leçons. Il y va de notre avenir et, surtout, celui des jeunes et des générations futures.
Notre succès dans cette affaire est tout à fait relatif. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, ce n'est pas le Pouvoir qui est, aujourd'hui et demain, dans l'impasse, mais le "Mouvement social".

Ne rêvons pas, si rien n'est fait de notre côté, le scénario est écrit d'avance, certes pas dans le détail, mais dans les grandes lignes nous venons de le voir. Demain ce sera ce qui reste du code du travail, le salaire minimum, les conventions collectives, qui vont disparaître. L'essentiel, pour les politiciens (confirmés ou en herbe), c'est que les apparences soient sauves.

Se pose alors la question de l'expression politique du "mouvement social", c'est-à-dire de la condition de son existence dans le champ du politique qui pourrait, et saurait, faire face à l'expression politique du Pouvoir, en tant que défenseur et garant du système marchand.

Il est évident que tant que nous resterons dans la configuration politique actuelle, tous les acquis sociaux vont peu à peu disparaître, avec la complicité de nos "faux amis" de Gauche.

Ce qui manque au "mouvement social" c'est une logistique politique. Une révision complète de ses relations, souvent ambiguës, avec les bureaucraties politiques, un changement complet de ses relations avec le politique.
En l'absence de celle-ci il se fera, une fois encore, confisquer le pouvoir, les initiatives, l'expression et, finalement, les décisions par les bureaucraties politiques qui agissent en fonction de leurs intérêts qui n'ont rien à voir avec les siens : voir la Gauche et la Droite quand elles sont au pouvoir.

Si la conscience sociale, politique du plus grand nombre, et en particulier celle des jeunes, croit au fur et à mesure de la dégradation des relations sociales, le pas n'est pas encore fait de se débarrassée des scories de "la" politique qui nous mènent systématiquement dans l'impasse. Faire ce pas est un impératif historique absolu.

Penser à notre avenir c'est repenser l'action au présent.


Patrick Mignard


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11 avril 2006
Lettre ouverte au Préfet de Haute-Garonne


Face à une action totalement pacifique de blocage des voies de la gare, le jeudi 6 avril,les forces de l'ordre, et la BAC en particulier, ont matraqué avec une violence extrême les manifestants.

Ce tabassage en règle s'est soldé par plusieurs dizaines de blessés et six interpellations.

Cette violence policière est inqualifiable. Nous exigeons que les agents de la BAC responsables de cette sanglante opération soient mis à l'écart de toute nouvelle manifestation ou action, et tout particulièrement leur responsable, le commissaire divisionnaire Friconnet.

Vous avez décidé d'enclencher un climat de terreur dont vous portez l'entière responsabilité.

Signataires : CNT interpro 31, CNT SSE 31, SUD Services Publics 31, SUD PTT 31.

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9 avril 2006
Ordre et désordre


Les commentaires sur les comportements actuels de la Police durant les manifestations laissent un peu rêveur l'observateur attentif de l'Histoire des mouvement sociaux.
Les innombrables témoignages, souvent extérieurs à l'évènement, interrogent sur le rôle exact de la police dans ce qu'elle appelle le "maintien de l'ordre".

La plupart des commentaires, pas tous cependant, présentent la question avec une neutralité technique qui fait oublier l'essentiel : la police est le bras armé du pouvoir.


Qu'est-ce que la police ?

C'est un corps de mercenaires qui a pour fonction essentielle de maintenir l'ordre, mais entendons nous bien sur ce que l'on appelle "l'ordre"... Un ordre social n'est pas un "truc abstrait", c'est quelque chose de très concret. Il s'agit d'un mode d'organisation sociale, au sens large, c'est-à-dire économique mais, aussi, juridique, éthique, qui implique des femmes et des hommes dans des relations sociales, qui organisent suivant certaines règles la manière de produire ce qui est nécessaire à la vie individuelle et collective et la manière de produire et de répartir les biens et services.

Ce mode d'organisation économique et sociale est représenté et garanti par une autorité, l'Etat.

Une des fonctions régaliennes de l'Etat est le maintien de l'ordre, c'est-à-dire de faire en sorte que ce système "fonctionne suivant certains principes et pas autrement". Cette fonction se place dans le cadre de l'impératif de l'Etat d'être le garant du fonctionnement du système en place. Cette fonction n'en est qu'une parmi d'autres.

La police est donc composée d'individus payés pour obéir à des directives de maintien de l'ordre, c'est-à-dire de personnes qui, en échange d'une rémunération, accomplissent les tâches que leur confie l'Etat.
La particularité de cette fonction c'est qu'elle se situe dans ce qu'elle a de plus détestable : l'utilisation de la force brutale. On comprendra que pour assurer ce genre de fonction on ne recrute pas ce qu'il y a de plus humaniste, critique ou philosophe dans la population.


Que fait la police ?

Ce que l'Etat lui dit de faire. C'est-à-dire maintenir l'ordre. Mais c'est là que les choses se compliquent.
Que veut dire "maintenir l'ordre" ? C'est maintenir les rapports sociaux tels qu'ils existent, autrement dit s'opposer à toute remise en cause des principes de leur organisation et faire en sorte qu'ils fonctionnent sans trop d'accrocs.
Ce qui justifie l'utilisation de la violence officielle, c'est la légitimité sur laquelle se fonde le pouvoir: Tous les pouvoirs ont été sûrs de leur légitimité : dieu(x), César, le Peuple, etc. Tous ont eu les "meilleures raisons du monde" pour justifier l'utilisation de la violence... Y compris, 
au XX ème siècle, d'instaurer le fascisme pour "sauver" le système marchand.

Au début du XX ème siècle, dans les situations les plus tragiques, maintenir l'ordre c'est tirer sur les mineurs en grève, ainsi qu'en 1947. En 1942, c'est arrêter les Juifs. En 1961, jeter les Algériens à la Seine. En 1962, au Métro Charonne, c'est massacrer les manifestants ! Et ce ne sont que quelques exemples connus.

On me dira "mais il n'y a pas que ça !". Exact ! Mais il y a, AUSSI, ça ! Et le fait que ça existe, que ça se reproduise, qu'il y ait des hommes pour le commander, et d'autres pour le faire, et que souvent, pour ne pas dire quasiment toujours, ça reste impuni. Ce qui en dit long sur ce que sont les forces de "maintien de l'ordre" et l'utilisation qu'en fait un pouvoir, même s'il se dit démocratique.

Il y a aussi ficher, écouter, filer, surveiller, interroger, détenir. Certes ce n'est pas sanglant ni spectaculaire... ça peut ne pas laisser de traces, mais ça peut aussi en laisser : demandez à la communauté juive mise en fiches, aux victimes de bavures dans les commissariat de la République, aux militants anti CPE aujourd'hui !

Ils sont extrêmement rares les policiers et les gendarmes qui font valoir une clause de conscience pour refuser de faire le travail de répression qu'on leur ordonne. Vous en connaissez beaucoup qui rechignent ? Vous en connaissez beaucoup des policiers et des gendarmes qui ont participé aux rafles de juifs ou d'Algériens et qui ont fait amende honorable, qui on été condamnés ? Vous en connaissez beaucoup des policiers condamnés à propos des massacres d'Algériens ? Non, l'Etat couvre quasi systématiquement policiers et gendarmes...
Pourquoi ? Mais parce qu'il en a besoin ! Il ne peut pas courir le risque d'une fronde de ce corps de mercenaires.


Le désordre au service de l'ordre

A priori, on peut difficilement soupçonner le Pouvoir de troubler l'ordre, puisque sa fonction est justement de le garantir. Pourtant le désordre, savamment et consciencieusement organisé, peut-être un instrument efficace au service du maintien de l'ordre. Cette technique porte un nom : la provocation.
Tous les régimes à toutes les époques ont utilisé des provocateurs.

Qu'est ce qu'un provocateur? C'est un individu sans uniforme, soit appartenant directement à la police, soit qui est manipulé (chantage) par elle, pour provoquer des désordres et/ou inciter des manifestants à en provoquer.
Dans quel but ?
- déconsidérer les manifestations aux yeux de l'opinion publique en en montrant la violence,
- justifier aux yeux de l'opinion publique une répression accrue,
- faire peur aux éventuels manifestants en les dissuadant de venir...

Toutes les polices, dans tous les pays et à toutes les époques, ont utilisé ce genre d'individus parce que tout système manipule l'opinion publique, et pas seulement au moment des élections. Le Pouvoir a toujours pu trouver, et trouve, des individus suffisamment vénaux, cupides ou moralement dégénérés pour faire ses basses oeuvres.

On voudrait nous faire croire que ce genre d'individu n'existe plus aujourd'hui dans la police (?). La dénégation n'est pas nouvelle ; jamais un Pouvoir n'a reconnu avoir recours aux services de provocateurs ! Tous l'ont nié.

Pourquoi donc, justement, le système aujourd'hui en France n'aurait-il pas recours aux provocateurs ? La réponse officielle est aussi nette et précise que peu convaincante : parce qu'il s'agit d'une police démocratique au service d'un régime démocratique (?).
Or, s'il s'agit d'un régime formellement démocratique, il suffit de voir comment fonctionne la vie politique pour comprendre. Le salariat n'en est pas moins un système d'exploitation, d'exclusion et générateur d'inégalités. La preuve ? La totalité des conflits sociaux ne sont que l'expression de cette réalité.

La police de la République est aussi convaincante quand elle déclare respecter les droits de l'Homme que la police de l'Inquisition quand elle déclarait agir en fonction des préceptes humanistes du christianisme.


Manipulation de l'image de la police

Présenter des mercenaires et en faire un service public est la dernière trouvaille du système. Elle n'est pas très convaincante. On assiste actuellement à tout un conditionnement qui tend à présenter la police sous un aspect respectable : policiers blessés lors de manifestations sur leurs lits d'hôpital, "jeunes beurettes", sympas, volontaires pour intégrer le corps de la police.
Officiellement on présentera toujours un CRS en train de sauver un jeune sur une plage, jamais en train de le cogner dans une manifestation... alors que ce sont, peut-être, le même CRS et le même jeune.
Ainsi la confusion des genres brouille opportunément l'image négative qu'a la police.

Pourtant, derrière cette image fabriquée, il y a le rôle fondamental de la police qui demeure.
Comme pour l'Armée qui, dans sa publicité, ne met l'accent que sur les actions humanitaires et la formation professionnelle (?), l'Etat essaye de "vendre" à l'opinion publique une image respectable de la police qui dans le cas de violences est présentée comme victime. Nous venons de voir que ce n'est pas aussi simple que cela.

Policiers et gendarmes ne sont évidemment pas la source de toutes les violences lors des manifestations. L'existence de ce que l'on appelle communément des "casseurs" est une réalité, mais le terme "casseurs", terme fourre tout, est bien commode pour faire l'économie de l'analyse sérieuse de la révolte sociale.
L''analyse de la réalité "casse" mérite plus de sérieux dans la prise en considération de tous les paramètres qui interviennent dans un conflit social. Et le Pouvoir n'est pas aussi "innocent" que cela, ne serait ce que parce qu'il n'est pas neutre et qu'il est partie prenante du conflit. Il a donc une carte partisane à y jouer et qu'il joue, avec ses moyens considérables, en fonction de ses intérêts et du système qu'il représente.

L'image de la neutralité bienveillante du Pouvoir et de sa police est une escroquerie politique.


Patrick Mignard

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3 avril 2006
Appel de Raspail


Aux étudiants, chômeurs, salariés plus ou moins précaires, de France et de Navarre, à tous ceux qui sont ces jours-ci en lutte contre le Contrat Première Embauche, et peut-être contre bien plus que ça...

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Puisque nous parvenons de plus en plus précisément à envisager le moment où la Terre sera entièrement consumée par notre mode de vie, puisque les scientifiques en sont réduit à nous promettre la colonisation d'autres planètes à consommer,

Nous, salariés et étudiants, stabilisés ou occasionnels, de la région parisienne et d'ailleurs, occupants du Centre d'Étude des Modes d'Industrialisation au 4è étage de l'EHESS en ce premier jour du printemps, voulons réfléchir à ce que pourrait être une vie pérenne et souhaitable dans un autre monde fini.

Il nous semble impossible de poser la question de la précarité des emplois et des revenus monétaires sans poser aussi celle de la précarité de la survie humaine globale. En ces temps de désastre écologique très avancé, nous pensons qu'aucune position politique et aucune revendication qui n'intègre pas le caractère d'impasse du développement économique, de la croissance, ne peuvent avoir la moindre valeur.

Nous sommes donc à la fois fantastiquement utopistes et radicalement pragmatiques, bien plus pragmatiques au fond que tous les gestionnaires "crédibles" du capitalisme et des mouvements sociaux (quand UNEF rime avec MEDEF...).

Nous voulons briser le culte dont sont l'objet les créateurs d'emplois et de richesse, réhabilités avec le concours de la gauche dans les années 1980. Aucun discours sur l'exploitation et la précarité n'a de sens et d'efficacité s'il s'interdit de malmener comme ils le méritent ces "bienfaiteurs de la collectivité".

Nous voulons aussi lever le tabou de ce mouvement anti-CPE : la perspective du plein-emploi, qui sous-tend la plupart des mots d'ordre et des revendications, n'est ni réaliste ni désirable.

Le travail humain, en Occident, est supprimé massivement par les machines et les ordinateurs depuis plusieurs dizaines d'années. Il n'a certes jamais été autre chose qu'une marchandise pour le capital, mais ce qui a changé au stade actuel du « progrès » technologique c'est que l'accumulation d'argent exige moins d'humains à exploiter qu'avant. Il faut se mettre dans la tête que le capitalisme ne peut plus créer assez d'emplois pour tous. Et reconnaître qu'en plus, ceux qu'il crée encore péniblement sont de plus en plus vides, déconnectés de nos besoins fondamentaux.

Dans ce système, la production matérielle est délocalisée vers les pays « en voie de développement », où se concentre ainsi le désastre écologique (même si nous ne sommes pas en reste...). Et chez nous, dans notre économie de services prétendument immatérielle, fleurissent les emplois de serviteurs : esclaves des cadences robotiques, domestiques des "services à la personne" (voir les récents plans Borloo), petits soldats du management.

Ce mouvement ne sera fort et porteur d'avenir que s'il fait entendre une critique lucide du travail moderne. Et s'il permet d'établir définitivement qu'il n'y aura pas de sortie de crise. Loin de nous laisser abattre, nous voulons faire de ce constat une chance. Nous pensons qu'un mouvement social conséquent doit se donner pour but d'aider l'économie à s'effondrer. Le monde actuel ne connaît pas d'en-dehors, on ne peut pas espérer le fuir. Il faut donc patiemment y constituer des milieux de vie où l'on puisse produire ses moyens de subsistance sans le concours de la machinerie industrielle, et où émergent de nouveaux rapports humains, dégagés d'elle. Il faut dans le même temps entreprendre le démantèlement de pans entiers de l'appareil de production existant, inutiles ou nuisibles.

Bien sûr, tout cela exige, dans nos discours comme dans nos pratiques, un rejet résolu de l'Etat et de ses représentants, qui seront presque toujours des obstacles à nos projets d'autonomie.

Cessons de réclamer un emploi stable pour chacun ! (même s'il arrive à tout le monde de chercher du boulot ou de l'argent)

Que la crise s'aggrave !

Que la vie l'emporte !

Les occupants du Centre d'Etude des Modes d'Industrialisation (à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, bd Raspail à Paris), constitués en Comité Pour la Désindustrialisation du Monde, entre l'aube du 21 mars 2006 et le milieu de la nuit suivante.


le vendredi 24 mars 2006, par Les occupants de l'EHESS. 
http://www.decroissance.info/auteur.php3?id_auteur=107


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1er avril 2006
Les enjeux d'un conflit


Autisme ou détermination? A peu prés tous les qualificatifs ont été employés à l'égard du Premier Ministre pour expliquer son attitude. Produit marketing pour les médias (les gros titres des journaux), ou raccourcis théoriques pour les politiciens professionnels (ça évite l'analyse et frappe l'électeur, par des "jugements à l'emporte pièce", ), le qualificatif, toujours outrancier laisse le citoyen sur sa faim et entretient le voyeurisme.

On a toujours tort de sous estimer l'adversaire ou de soupçonner chez lui des comportements et/ou attitudes plus proches du pathologique que du politique.


Un terrain politique et social favorable

L'attitude du Premier Ministre est incontestablement rationnelle et ce à un double égard:
- il est là pour libéraliser l'économie française qui a "pris du retard" sur les autres économies européennes,
- il a affaire à une opposition institutionnelle politiquement "molle".

La libéralisation de l'économie est désormais un impératif pour le milieu des affaires l'argument est simple, pour ne pas dire "simpliste" : l'économie mondiale est libéralisée, ou en voie de l'être, la France ne saurait faire exception.
Quoique historiquement absurde, l'argument correspond aux intérêts à court et moyen terme du capital. Il s'agit donc d'avancer rapidement pour que les stratégies industrielles qui se mettent en place en Europe (transports, énergies communications,etc.) trouvent un terrain propice aux grandes manoeuvres des possesseurs de capitaux.

Il a face à lui une opposition "molle". la Gauche est en grande partie déconsidérée, quoiqu'elle puisse apparaître, de moins en moins, comme une alternative, pas satisfaisante, mais à défaut d'autre chose! Le Parti Socialiste, malgré un discours électoral - offensif est prêt, il l'a montré, à gérer le système. Le PC très affaibli hésite entre deux stratégies, est indéterminé et hors jeu.

Le mouvement altermondialiste enferré dans ses luttes intestines et ses approximations théoriques est également hors jeu... on ne l'entend d'ailleurs pas.

Il sait (le Premier Ministre) qu'en dehors du processus électoral tous ne tenteront rien.

Les syndicats, à l'image de leurs homologues européens sont très affaiblis. 
Ils ne peuvent plus rien tirer des luttes et négociations, quand ils ne collaborent pas avec les gestionnaires du système. Ils ne se limitent plus, en dehors de protestations purement symboliques, qu'à la gestion des conséquences sociales des mesures de déréglementation, restructuration et délocalisation, autrement dit, à la gestion des "plans sociaux". Il sait qu'il peut ne plus rien négocier.

Reste l'opinion publique ou, ce que l'on peut approximativement appeler le "mouvement social": elle a en mémoire les acquis sociaux et voit disparaître, par petites touches habilement appliquées, par la Droite comme par la Gauche, un modèle économique et social acquis de la Résistance et de luttes sociales sévères et coûteuses. Anesthésiée par le discours "moderniste" de la Droite, les promesses de réformes et les stratégies électorales de la Gauche, manipulée par les médias, elle lâche peu à peu prise malgré, et suite, à des mobilisations sans lendemains.

Tout ce constat, le Premier ministre l'a fait. Il sait ce qu'il a en face. 
Il sait ce qu'il doit faire ("moderniser", c'est-à-dire "marchandiser" l'économie) mais ne sait pas trop comment le faire car des zones d'indétermination demeurent. Il a donc tenté un coup, le CPE qui, s'il réussi va être très payant politiquement.


Des forces en présence hétérogènes

Côté gouvernemental
Inutile de trop s'étendre: l'UDF de plus en plus dissidente "plombe" la crédibilité de ce Gouvernement. Au sein même de l'UMP la "course à la présidentielle" relativise les soutiens et crée une ambiance peu propice à l'unité d'action.

Côté opposition
La situation est plus complexe Outre le fait qu'il sait qu'aucune organisation politique et syndicale ne veut une crise majeure, les divergences et les intérêts bureaucratiques des unes et des autres modifient et font fluctuer ses marges de manoeuvres.
Le principe, très classique, et de faire céder la partie la plus molle du dispositif adverse...

Sur le plan politique, rien, ou pratiquement rien, n'est à faire puisque la surenchère électoro-verbale tient lieu et place d'action... joutes parlementaires et par médias interposés, c'est tout.

Sur le plan syndical c'est plus sérieux: l'unité stratégique n'est que de façade, et il le sait. Cette unité symbolique doit/devrait craquer à un moment ou à un autre. Le problème c'est quand? ça il ne le sait pas... pas plus lui que quelqu'un d'autre. Ce d'autant plus que les syndicats se sont engagés simplement et fermement sur le "retrait", au-delà peut-être de ce qu'ils auraient souhaité, et que tout recul sera particulièrement visible, donc dommageable en terme d'image et de crédibilité.

Or qui dit "quand ?" fait allusion au "temps". Le "temps" joue en sa faveur. Pourquoi?
- des divergences peuvent apparaître entre les syndicats qui obéissent à des logiques différentes,
- côté étudiants et lycéens, la pression de l'échéance des examens permet de faire monter l'angoisse et donc de miner la détermination (voir les mouvements sporadiques "anti-blocage", largement exploités dans les médias).

En jouant sur ces deux facteurs le Premier ministre tente de fissurer, de désolidariser le front de ses adversaires... d'où cette "valse hésitation" qui consiste à "vouloir dialoguer" en restant inflexible sur le maintien de la loi. Ce qui donne l'impression d'incohérence alors qu'il s'agit en fait d'une fine tactique de déstabilisation.

Le Premier Ministre a en plus, dans sa panoplie, un paramètre non négligeable: la police. Les démonstrations de masses de plus en plus massives et difficilement contrôlables par les organisateurs permettent bien des manipulations. J'exagère? Il suffit d'écouter ce que disent les Renseignements Généraux qui soupçonnent "une volonté de discréditer le mouvement social en tentant de le résumer à des violences urbaines".
Libération, 24 mars 2006.
D'après vous qui a intérêt à ça et comment cela peut-il se faire?


Du blocage à la rupture

On retrouve ainsi, sous une forme bien entendu différente, la vieille tactique médiévale du "siège": attendre sans combattre que l'adversaire s'épuise.

Il sait également, qu'il incarne le point de blocage c'est lui qui bloque en refusant de retirer le texte. Mais contrairement aux apparences cette position peut être une position de force et ce pour deux raisons :
- il a la légitimité pour lui - la loi a été votée par la "représentation nationale" et sa légitimité est incontestable en droit,
- il peut transformer toute ouverture de dialogue - c'est lui qui a l'initiative - sans rien lâcher sur l'essentiel, en un point positif à mettre à son actif, ses interlocuteurs passant alors pour des "jusqueboutistes"... il inverse habilement les rôles.

Le premier point lui permet de justifier et verrouiller légalement et constitutionnellement son refus de retirer le texte.
Le second point lui permet d'enfoncer un coin entre les organisations syndicales aux motivations stratégiques différentes.

Dernière option dans cette affaire, l'évènement extérieur qui rend/rendrait caduque cette problématique et permet/permettrait de renvoyer tout le monde dos à dos: le Conseil constitutionnel. Sa reconnaissance de l'inconstitutionnalité de tout ou partie de la loi supprime de fait, et de droit, l'objet du conflit. C'est une porte de sortie.
Par contre la reconnaissance de sa constitutionnalité fait monter d'un cran l'ampleur du conflit. Il y aurait alors désaveu populaire de la constitution, du moins de ses principes... ce qui n'est pas rien.

Les enjeux politiques (au sens large) sont colossaux. Après le NON au Traité Constitutionnel Européen, il y va de la crédibilité d'un gouvernement en France à liquider une bonne fois pour tous les "obstacles" à la libéralisation de l'économie. La France est aujourd'hui, en Europe, le dernier point de résistance à cette logique.
Il apparaît à ce petit jeu que c'est la Gauche qui est la plus efficace: elle sait faire passer les "réformes" sans prendre "à rebrousse poil" une opinion publique très sensible sur les acquis sociaux. Les "Gauches" européennes ont déjà largement franchi le pas, la gauche française s'apprête à le franchir à son tour... à moins que le "mouvement social" s'autonomise dans la/sa lutte, ce qui ouvrira une période nouvelle.

C'est aujourd'hui tout l'enjeu de la lutte contre le CPE.


Patrick Mignard

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27  mars 2006
Objectif : des millions de manifestants dans les rues, mardi prochain


Grèves et manifestations
Objectif : des millions de manifestants dans les rues, mardi prochain
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Monsieur Villepin a perdu toute raison. Que puis-je faire personnellement contre le CPE ?


Bonjour, je suis Gilles Deschaume.

L'actualité urgente m'amène à vous parler sincèrement.
Sans doute faites-vous partie des 7 Français sur 10 qui réclament le retrait du projet de CPE ("Contrat premier emploi") en raison des graves dangers qu'il fait courir aux jeunes générations : précarité sociale aggravée sans raison économique réelle, chantage au licenciement non motivé sur deux années, grave risque de harcèlement moral ou sexuel dans le premier emploi.

Que pouvons-nous faire ?
Pour l'instant, parmi plus de 40 millions de citoyens français déjà franchement opposés au CPE, seul 1 sur 20 s'est déplacé physiquement lors des précédentes manifestations.

Si cette proportion passait à 1 sur 8, nous serions déjà CINQ MILLIONS dans la rue, mardi prochain, pour exprimer directement notre aspiration, et nous faire entendre d'un Premier ministre isolé et dangereusement obstiné.
C'est un objectif historique et ambitieux, mais raisonnable et à notre portée.

C'est-à-dire qu'il nous faut inviter, chacun, personnellement, à manifester 1, 2 ou 3 voisins, collègues, proches ou amis.

Personne ne peut le faire à ma place !

Pour réussir : non violence et détermination souriante
Je vous invite donc personnellement à venir manifester mardi prochain 28 mars dans le lieu de manifestation le plus proche de chez vous.

Peut-être pensez-vous que cela ne servira à rien. Mais après le 28 mars, il sera peut-être trop tard pour les jeunes.

Peut-être pensez-vous que la "gauche" n'a pas aujourd'hui de propositions alternatives et viables au CPE. Vous avez sans doute raison, mais le préalable à l'alternative est le retrait maintenant du CPE, pour pouvoir envisager l'avenir.

Peut-être n'êtes vous jamais allé manifester. Dans ce cas, ça vaut le coup, venez accompagné par quelqu'un que vous connaissez.

Peut-être n'aimez-vous pas trop l'ambiance des manifestations. Dans ce cas, vous pouvez fort bien décider de venir "voter physiquement", par votre présence, sur le lieu du rassemblement, quitte à pas ne suivre jusqu'au bout le défilé, et repartir dès que vous le voudrez.

Dans tous les cas, venez mardi 28, l'enjeu est d'importance. Après, il sera trop tard.

Excusez-moi si cette invitation vous a dérangé.

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26  février 2006
Moutons noirs et éminences grises de la droite


LE MONDE - 23.02.06


Tous se souviennent d'un coup de téléphone quand, au fond du trou, face à une carrière politique ruinée par "les affaires", des mises en examen ou des condamnations, ils ont reçu une marque d'attention, le signe d'une affection. Alain Carignon, Gérard Longuet, Henry Chabert, Patrick Balkany ont en commun de n'avoir jamais cessé de voir, de côtoyer Nicolas Sarkozy, de s'afficher avec lui, alors que la seule annonce de leur nom suffisait à dégager un parfum d'affairisme propre à rebuter tout homme politique soucieux de sa carrière. 
"Je ne laisse jamais tomber personne", lâche Nicolas Sarkozy, un rien bravache. C'est son orgueil, ce sera peut-être un jour son talon d'Achille.
En écho, Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, explique : "Chirac a tendance à achever ceux qui sont tombés à terre, Nicolas les relève."

Des amitiés sincères ? Personne n'en doute. Alain Carignon, qui reste à ce jour l'homme politique condamné à cinq ans de prison pour "corruption" en 1999, témoigne : "Nous sommes devenus amis dans les années 1980. Nous passions des vacances ensemble, des réveillons de fin d'année. Lorsque j'ai été condamné, il est resté en contact avec mon épouse, Jacqueline, et s'est manifesté auprès d'elle chaque 31 décembre. C'est comme en amour, il a apporté des preuves."

Nicolas Sarkozy assure ne pas avoir oublié ce jour de juillet 1994 où il a annoncé au secrétaire d'Etat à la communication qu'il devait quitter le gouvernement : "Balladur n'avait pas le courage de le faire. Je me suis dévoué."

Nouveau venu dans la galaxie Sarkozy, Gérard Longuet, ancien président du Parti républicain, a dû lui aussi quitter son poste de ministre de l'industrie dans le gouvernement Balladur, deux mois après M. Carignon. Il était alors poursuivi pour "recel d'abus de crédit" dans l'affaire du paiement d'une villa. Il a été relaxé dans ce dossier ainsi que dans d'autres procédures, dont celle des marchés publics d'Ile-de-France, qui s'est conclue le 26 octobre 2005.

Mais aux yeux de la gauche, il reste un épouvantail, celui qui a préconisé une alliance avec le Front national et passé une partie de sa jeunesse dans les rangs du mouvement d'extrême droite Occident, à la fin des années 1960.

Qu'importe pour Sarkozy, qui apprécie avant tout l'organisateur rigoureux, le tacticien incisif. Gérard Longuet raconte : "Sarkozy m'a contacté pour travailler à ses côtés au début 2005. Je lui ai expliqué que ce n'était pas le bon moment, qu'il fallait que j'en aie terminé avec l'affaire des lycées d'Ile-de-France. Il m'a rappelé tout de suite après mon procès. J'ai été sensible à son geste."

Nommé conseiller politique de l'UMP, le sénateur de la Meuse s'est hissé dans le premier cercle des sarkozystes. "Sarkozy apprécie ses analyses stratégiques toujours fulgurantes, décrypte un proche des deux hommes. Moralement, il reste un chef." Ancien député (UMP) du Rhône, proche de Michel Noir, Henry Chabert dit aussi avoir fait l'expérience "dans l'épreuve" de la fidélité du ministre de l'intérieur.

Contraint de se retirer de la vie politique lyonnaise après avoir été condamné à deux ans d'inéligibilité pour recel d'abus de biens sociaux, il relate : "C'est le seul élu national qui, au lendemain de mon retrait, m'ait téléphoné puis invité pour m'apporter son soutien. Lorsque j'ai décidé de revenir sur la scène publique, en 2005, il a également été présent pour m'encourager." Signe de cette "amitié" : M. Sarkozy, attendu à Lyon jeudi 23 février, devrait annoncer la candidature d'Henry Chabert aux législatives à Villeurbanne. Une façon, aussi, pour le président de l'UMP, d'aplanir les rivalités locales et de nettoyer le terrain pour Dominique Perben, le ministre des transports, qui brigue, lui, la mairie de Lyon.
Reste le cas de Charles Millon, ancien président de la région Rhône-Alpes élu en 1998 avec les voix du FN. Loin d'être un "ami" de Nicolas Sarkozy, il est surtout considéré comme un facteur de nuisance. En échange de sa neutralité, le président de l'UMP envisage de l'investir lors des sénatoriales dans le département de l'Ain. "Nous sommes dans une recherche de solution", dit-on en maniant l'euphémisme dans l'entourage du ministre de l'intérieur.

De toutes ces affections sincères ou intéressées, la plus ancienne demeure celle qui lie Nicolas Sarkozy au maire de Levallois-Perret et député des Hauts-de-Seine Patrick Balkany. Tous deux fils d'émigrants hongrois, ils se connaissent depuis l'âge de 20 ans. M. Balkany ne doute pas non plus de l'affection sans calcul de Nicolas Sarkozy : "Il m'appelle, m'invite à déjeuner à l'improviste, raconte Balkany. Quand j'ai eu quelques problèmes (il a été condamné, en 1997, à quinze mois de prison avec sursis et à deux ans d'inéligibilité pour avoir employé dans sa résidence personnelle des fonctionnaires municipaux rétribués sur fonds publics), j'ai continué à le voir. C'est à ce moment-là qu'on compte ses amis." Il sera pourtant vertement réprimandé par Nicolas Sarkozy lui-même pour avoir commenté ses déboires conjugaux dans Le Parisien alors que le président de l'UMP avait imposé une consigne de silence à ses proches. "Il ne m'en veut pas", assure M. Balkany.
En relevant les hommes tombés, Nicolas Sarkozy fabrique aussi des affidés. "Elucubrations", s'indignent les intéressés qui ne croient devoir qu'à eux-mêmes leur come-back. "Qu'est-ce que nous lui apportons ?, s'interroge l'un d'eux. Nos heures glorieuses sont derrière nous." Alain Carignon : "Je ne me sens aucune obligation vis-à-vis de lui, sinon de réussir dans mon rôle de président de la fédération UMP de l'Isère. D'ailleurs, je ne fais pas état des liens qui sont les nôtres. Je ne lui demande rien. La reconnaissance, c'est bon pour les animaux domestiques."

Aujourd'hui, les deux hommes se voient moins : "Nous sommes dans une autre phase de notre vie, explique M. Carignon. Mais je ne doute pas de lui." Patrick Balkany ajoute : "Je fais mon boulot, et je ne lui demande rien. J'ai passé l'âge de courir derrière un candidat. Je ferai tout ce que je peux pour l'aider, mais il n'exige rien de moi." Gérard Longuet ne se sent pas non plus inféodé par les responsabilités qui lui ont été confiées : "Je suis libre et indépendant, je ne suis ni un lieutenant ni un porteur de bidons."

Ce désintéressement réciproque reste pourtant difficile à admettre dans un système sarkozyste où au poids politique relatif des uns et des autres s'ajoutent les services qu'ils pourront rendre au cours de la campagne qui commence. "C'est faux, assure Brice Hortefeux, le bras droit du président de l'UMP. Nicolas n'a pas d'arrière-pensée. D'ailleurs, il est le premier bluffé par le retour de Carignon. C'est bien la preuve qu'il ne calcule pas."
"A partir du moment où ces types ont payé leur dette, ils redeviennent des gens normaux, explique Frédéric Lefebvre, conseiller parlementaire de Nicolas Sarkozy. Pourquoi ne pas les remettre dans le circuit ? Les gens de talent retrouvent toujours un rôle, à un moment ou à un autre. Autant que ce soit avec nous." 
Philippe Ridet (avec Sophie Landrin, à Lyon)


Manque à l'appel Tibéri et ses faux électeurs, Chirac et ses HLM, Pasqua et ses valises, Juppé et ses emplois fictifs etc., etc., etc.
Mais que fait la justice ? Elle attend la date de péremption ! Et tout redevient nickel pour rebosser à l'ump...



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25  février 2006
Mobilisation internationale contre le nucléaire


Pour lancer la mobilisation autour de la grande manifestation internationale contre le nucléaire des 15 et 16 avril, le réseau "Sortir du nucléaire" vient d'ouvrir son site de mobilisation.
http://www.stop-epr.org/index.php

Très bô, avec toutes les informations qui seront mises à jour au fur et à mesure. Un must pour se mobiliser.

Et pour faire sentir la dynamique, stop-epr lance un appel à signature. On m'a souvent dit que je proposais trop de signatures "en ligne", c'est-à-dire peu de mobilisation, et faire croire que ça suffit, qu'on en fait assez...
Je crois au contraire, que signer un tel appel, c'est aussi s'engager à le faire connaître, à faire signer son voisin, sa voisine, qui elle/lui même...
Il faut bien trouver un tric-trac à passer pour faire connaître, pour faire réagir et faire s'engager, souvent dans un premier pas.

C'est pourquoi je vous invite à signer l'appel.

Hervé Le Crosnier

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19  février 2006
Le CPE tourne à la révolte


Le gouvernement cherche a passé en force. Il est inquiet. Il a peur, il ne se sent pas bien. La nuit, ils ne dorment plus et votent, à quelques uns, des textes majeurs de notre droit du travail.

Un brouillard médiatique est diffusé sur l'hexagone, pourtant le CPE tourne à la révolte qui, elle, s'organise. Comment est-il possible que soit passé sous silence les nombreux blocages, du CRIJ à Paris le 31 janvier, à la préfecture de Grenoble, à la chambre du commerce et de l'industrie de Toulouse, en passant par les affrontements qui ont eu lieu dans la journée d'hier à Marseille...

La révolte des quartiers populaires est encore dans tous les esprits, l'état d'urgence décrété par le gouvernement, en soutien au plan Vigipirate que nous subissons depuis des années, n'a eu aucune efficacité sur la situation d'urgence sociale dans laquelle se retrouve la France loin, très loin, des prochaines échéances électorales, qui paraissent, à tord, la seule possibilité de voir la classe politique réaliser son inefficacité et son inaction, malgré les campagnes de communication/désinformation qui cherchent à nous prouver le contraire.

La crise politique est grave, et le CPE tourne à la révolte. Nous sommes en février. Je serais tenté de dire comme Miguel Benasayag, "et maintenant ?".
La situation nous oblige à dépasser les points d'interrogation et à imaginer les points de suspension.
Oui ! Suspension du CPE... C'est la première des choses.
Suspension des projets de loi du gouvernement sur la réforme du code de la famille... et de la prévention de la délinquance...
Suspension des projets de biométrie, et de contrôle de la population...
Suspension du premier ministre qui n'a plus de légitimité.....
Mise à plat de la cinquième république...

Nous vivons une grave dérive sécuritaire, qui s'accélère alors que la situation nous oblige à dialoguer et nous rencontrer, pour chercher ensemble, tous ensemble, ce qu'il est possible de faire.
La peur, le raidissement du gouvernement, et sa phobie des mouvements émanant de la rue, nous montre bien le décalage qui existe entre leur vision du monde, et la nôtre.

Notre avenir n'est pas noir, ni bouché. Il passe par une ré-appropriation de l'action collective vers des pratiques d'émancipations.
Clairement, nous souhaitons chercher dans des valeurs que le pouvoir pseudo-politique, ou plutôt poly-économique, cherche à nous faire oublier... la coopération, le partage, le respect de l'autre, la diversité... et tellement d'autres choses...
Autre, autre, autre. Un autre avenir nous attend.

Nous n'allons pas attendre le 7 mars, que les partis politiques, dits "de gauche" et les syndicats, qui se raidissent devant l'émergence d'autres formes d'actions, se mobilisent, sans appel à la grève, pour protester contre le CPE.
N'ont-ils pas conscience que nous ne sommes pas des moutons à la recherche d'un(e) quelconque berger(e) présidentiable ? Et que nous ne voulons plus attendre mais réfléchir collectivement et agir ?

S'il l'on regarde de près la situation, nous avons un vieux monarque qui cherche à éviter la prison et qui continue, la tête haute et le sourire en coin, de soutenir des clubs militaires et financiers, des dictatures en Afrique.
Nous avons un aristo au pouvoir qui ne s'est jamais présenté à une élection mais qui terminerait bien porte parole du groupe L'Oréal.
Nous avons un facho en puissance qui cherche à récupérer des voix extrêmes, se sentant fort d'un soutien atlantiste contre une libéralisation accéléré de ce qu'il nous reste.
Nous avons une classe politique totalement verrouillée, et déconnectée des réalités quotidiennes.
Nous avons une gauche qui se cherche une candidate, pensant qu'un peu de charme pourrait pallier leur nostalgie du pouvoir, et leur carence lorsqu'il s'agit d'agir, et d'être ferme face à des dérives extrêmement grave....

Et puis il y a encore d'autres types...

Le mouvement qui se construit aujourd'hui, autour des lycéens et des étudiants qui ont votés la grève dans plusieurs universités, appelle toutes les forces vives, progressistes à rejoindre le mouvement pour qu'il s'amplifie.

Allons-nous laisser plus longtemps une situation nous échapper ?
Ne sommes-nous pas aujourd'hui dans une situation dramatique ?
Allons-nous attendre le 7 mars ou les élections de 2007 pour réagir et nous exprimer ?

Nous pouvons aujourd'hui faire vaciller un pouvoir qui n'est plus légitime. Ne ratons pas l'occasion.



"La rage du peuple", 10 février 2006

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16  février 2006
Normalisation des procédures pénales : La loi Ashcroft-Perben II


La loi "Perben II" adaptant "la justice aux évolutions de la criminalité" est interprétée, à tort, comme une étrange et dangereuse lubie du Garde des Sceaux. Elle vise en réalité à modifier la procédure pénale française pour permettre au FBI de prolonger ses enquêtes en France dans le cadre d'une coopération judiciaire renforcée après les attentats du 11 septembre. Ces dispositions ont été directement négociées entre l'Attorney general John Ashcroft, d'une part, Nicolas Sarkozy et Dominique Perben, d'autre part. Les deux ministres balladuriens ont conservé leurs amitiés américaines.

Tous les bâtonniers, représentant tous les avocats de France, toutes les organisations d'avocats, le Syndicat de la magistrature et des syndicats pénitentiaires ont manifesté le 11 février 2004 à Paris contre la loi Perben II, adoptée le jour même par le Parlement. Plus de soixante députés et plus de soixante sénateurs ont déposé un recours en annulation devant le Conseil constitutionnel.

La loi Perben II (du nom du ministre de la Justice, Dominique Perben) porte sur les "adaptations de la justice aux évolutions de la criminalité". Elle constitue la plus importante réforme du Code de procédure pénale français depuis 1958. Elle vise à "lutter contre les organisations qui peuvent mettre en péril notre société", c'est-à-dire à la fois les organisations criminelles et les groupes terroristes, et à rendre le traitement de la délinquance "plus efficace et rapide".
Pour ce faire, elle créé de nouveaux outils : garde à vue de quatre jours (y compris pour les mineurs de 16 à 18 ans) assortie d'une intervention tardive de l'avocat, infiltration de policiers dans les réseaux, perquisitions de nuit, écoutes téléphoniques et interceptions électroniques élargies, réquisition de documents plus aisée. En outre l'enquête de flagrance est étendue à 15 jours et autorise la déposition de "repentis", la composition pénale et le "plaider coupable" sont introduits, et un fichier national des auteurs d'infraction sexuelle est étendu. Enfin, la traditionnelle distinction entre les autorités de poursuite et de jugement est abandonnée et le rôle des procureurs renforcé.

Les professionnels du droit et les parlementaires ont été étonnés par la brutalité de la loi Perben II, qui ne correspond à aucune revendication, comme par le refus du gouvernement d'en discuter autre chose que des détails. Ils ont en effet conservé une approche exclusivement franco-française du débat et n'en ont pas mesuré les tenants et les aboutissants internationaux.

En réalité, la loi Perben II pourrait parfaitement s'appeler Ashcroft-Perben II car elle est le fruit d'une longue négociation au sein du G8, dont les dernières étapes ont été supervisées par l'Attorney general des États-Unis d'Amérique, John Ashcroft.


Aux sources de la loi "Perben II"
Lors du sommet du G8 qui s'est tenu à Halifax (Canada), du 15 au 17 juin 1995, un Groupe d'experts à haut niveau sur la criminalité transnationale organisée a été constitué. Ce groupe a élaboré, le 12 avril 1996, quarante recommandations en reprenant partiellement un document du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux (GAFI-OCDE). Elles ont été validées par le G8 au sommet qui s'est tenu à Lyon (France), du 27 au 29 juin 1996. À partir de ce moment, le Groupe d'experts de haut niveau a été désigné sous l'appellation "Groupe de Lyon".
De plus, le GAFI a quasiment substitué les quarante recommandations du groupe de Lyon à son propre texte, et le Groupe multidisciplinaire sur la criminalité organisée de l'Union européenne en a fait sa base de travail. Le Groupe de Lyon a organisé, en mai 1998 à Paris, la première Conférence du G8 sur la cybersécurité. Il est à l'origine de trois instruments internationaux : La Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (ouverte à signature à New York, le 9 décembre 1999). La Convention contre la criminalité transnationale organisée, dite Convention de Palerme (ouverte à signature par l'ONU le 15 novembre 2000). La Convention sur la cybercriminalité (ouverte à signature par le Conseil de l'Europe, le 23 novembre 2001).

Après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le Groupe de Lyon a fusionné avec un autre groupe d'experts à haut niveau du G8, consacré lui au contre-terrorisme, et connu sous l'appellation "Groupe de Rome". Ils ont tenu une série de réunions de travail très secrètes à Rome, Florence, Ottawa et Vancouver, et organisé la première Conférence du G8 sur la coopération judiciaire, à Paris, le 5 avril 2002.


Un alignement sur le dispositif pénal états-unien
Selon nos informations, la délégation états-unienne a tenté d'utiliser la solidarité de ses partenaires après le 11 septembre pour obtenir que le FBI puisse poursuivre, partout dans le monde et selon ses procédures, les enquêtes commencées sur son territoire. Cependant, une fois l'émotion passée, un front du refus russo-européen se constitua.
Dès leurs nominations, début mai 2002, Nicolas Sarkozy et Dominique Perben, respectivement ministre de la Sécurité intérieure et Garde des Sceaux, auraient donné instruction aux négociateurs français au sein du G8 d'accepter les demandes US. Ne pouvant se rendre à la réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur du G8, les 13 et 14 mai 2002 à Mont-Tremblay (Canada), ils auraient donné comme mission aux hauts fonctionnaires mandatés de prendre la direction du Groupe de Lyon pour briser le front russo-européen.
Ce qui fut fait. Rappelons qu'en 1994-95, Dominique Perben milita au sein du RPR contre la candidature présidentielle de Jacques Chirac et pour celle d'Édouard Balladur. C'est lui, en lien avec Nicolas Sarkozy alors porte-parole du gouvernement, qui ouvrit la crise au sein du parti néo-gaulliste en évoquant les capacités d'un homme "qui peut rassembler les Français, pas uniquement au moment d'une élection, mais dans la durée". Dans ce déchirement familial, dont les raisons restent encore obscures aujourd'hui, l'ambassade des États-Unis ne cachait pas sa préférence pour Édouard Balladur.

Nicolas Sarkozy et Dominique Perben travaillent en étroite relation avec leur homologue états-unien, John Ashcroft. Il s'agit pour eux de modifier le droit français, ses incriminations mais surtout sa procédure, pour que les policiers français puissent prolonger sur leur territoire les opérations du FBI soumises au droit états-unien. Cette collaboration se poursuit sans faille lors de la crise franco-états-unienne à propos de l'Irak.
Dominique Perben se rend à Washington, les 13, 14 et 15 novembre 2002 pour finaliser ce qui sera la loi Perben II. Dès son retour à Paris, le garde des Sceaux commence des consultations des organisations professionnelles de magistrats et d'avocats. John Ashcroft se rend à Paris, le 5 mai 2003, pour mettre une dernière main au projet et présenter de nouvelles exigences en matière de passeports biométriques. Le texte à peine remanié est présenté en Conseil des ministres, le 9 avril 2003 et déposé le jour même à l'Assemblée nationale.

Nous n'avons malheureusement pas les capacités d'expertise juridique nécessaires pour présenter un tableau comparatif des dispositions exigées par Washington et introduites en droit français par le tandem Sarkozy-Perben, mais chacun reconnaît l'origine états-unienne des notions de repenti, de plaider coupable, d'infiltration policière, de rôle d'enquête du procureur (bien qu'en France celui-ci soit un magistrat nommé et non un avocat comme aux États-Unis), etc. et les retrouvera mentionnées dans les documents du G8.
Que l'on se félicite ou que l'on réprouve ces innovations, on doit admettre qu'elles sont en totale contradiction avec les principes du droit français qu'elles destructurent profondément. Ainsi, elles servent les ambitions du FBI au détriment du justiciable français.

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12 février 2006
Contre-feux au projet de loi sur l'immigration


Le nouveau projet de loi sur l'immigration ou avant projet de réforme du Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'asile (CESEDA), est aujourd'hui, jeudi 9 février 2006, présenté en conseil interministériel par le Ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.
En rendant caduque le droit au séjour des familles des personnes résidantes en France, en durcissant les conditions d'obtention de la carte de résidents, en supprimant le droit à une carte de séjour temporaire après une présence de dix ans sur le territoire français, en favorisant uniquement la venue d'étudiants et cadres de haut niveau, ce projet condamne les étrangers à des conditions de vie inhumaine, à la misère la plus extrême, à la mort.

Au lieu "d'intégrer", c'est-à-dire de reconnaître les revendications les plus légitimes - le simple fait de vivre - des personnes résidantes ou souhaitant résider en France, ce projet qui souhaite, selon le gouvernement, "contenir et contrôler les flux migratoires", s'attelle en réalité aux pillages des ressources humaines des pays en difficultés politiques et économiques ; et à la fabrication et production massive de personnes sans-papiers, de travailleurs-esclaves de l'ombre corvéables et exploitables à merci.


De l'utilitarisme migratoire

Ce projet de loi, inqualifiable, renforce plus encore les logiques à l'ouvre dans les pratiques et dispositifs publics mise en place depuis plusieurs années, et appliqués par la main droite comme la main gauche de l'état (rafles, état d'urgence, couvre feu, loi de février 2005, harcèlement, arrestation au faciès, garde-à-vue, placement en centre de rétention, expulsions. toutes les forces de police et de l'administration sont mobilisées, placées sur le qui-vive) : aux étrangers est dévolue la sempiternelle posture du bouc émissaire.

Le fait que les classes populaires dépérissent dans les lointaines périphéries, que les classes moyennes s'appauvrissent de jours en jours et sont contraintes de quitter le centre des villes devenu inabordable, que l'emploi devienne une denrée rare et que le chômage marque au fer rouge l'ensemble des générations, que les richesses ne soient plus redistribuées à la majorité, serait imputable à une immigration prétendument "subie".

En faisant de l'immigration et des personnes sans-papiers un enjeu électoral de première envergure, le gouvernement ne fait que détourner et distraire la population française de problématiques majeures et qui engagent son avenir ; et ce, afin de mieux appliquer une politique économique redoutable au service d'une minorité.


Une guerre est donc menée

Et il ne s'agit pas là, dans l'emploi de ce terme, d'une inflation sémantique. Une guerre sans merci est conduite contre les forces vives de ce pays. Une guerre sociale. Elle n'épargne et n'épargnera personne. Le gouvernement actuel est un gouvernement profondément méprisant, raciste, xénophobe en même temps que profondément duplice.
Elu en 2002 sur fond d'un vaste consensus social et politique pour faire échec au front national, il applique à la lettre et sans rougir les politiques que ce dernier n'aurait manqué de conduire.
Au lieu de saisir et de mesurer l'opportunité historique et magistrale qui lui était accordé en mettant en ouvre une politique capable de répondre aux défis du présent, au lieu de construire une politique soucieuse de tirer les leçons de l'histoire et ouverte au devenir de toutes et de tous, au lieu de faire preuve de conscience historique et de redonner aux mots de liberté, égalité, fraternité l'importance qui est la leur et la place qui leur convient, ce gouvernement ouvre à la stigmatisation de l'autre, à la guerre de tous contre tous.

Il met en place des politiques dont la profonde inanité n'a d'égale que leur extrême dangerosité. Des politiques incendiaires, lois liberticides, propos orduriers, des injures, des provocations ("racailles", "nettoyage au karcher", etc), qui sont causes de dommages irréversibles à l'endroit de millions de personnes ; des politiques de l'incendiaire qui paralysent et hypothèquent le devenir du plus grand nombre, en même temps que celui du pays, et du monde.

Ce gouvernement échoue aux missions qui lui ont été confiées. Ce gouvernement n'est pas à la hauteur des défis qui lui sont posés par le siècle qui commence.
Au monopole de la haine, au monopole de la peur, à la prédation sociale, à ces pratiques incendiaires, rétrogrades et réactionnaires, il importe de se mobiliser et de répliquer en inventant des CONTRE-FEUX : L'étranger n'est pas un danger. L'étranger n'est pas un ennemi. L'étranger n'est pas coupable !
Le 9ème Collectif de sans-papiers rappelle et n'aura de cesse de rappeler les multiples exactions dont ce gouvernement est comptable.

Nous ne vous oublierons pas ! Le 9ème Collectif de sans-papiers exige et n'aura de cesse d'exiger du gouvernement le retrait immédiat du projet de loi sur l'immigration et la régularisation sans conditions de tous les sans-papiers.

Contacts : 06 03 58 39 59 - 06 13 95 22 07 - 06 16 81 06 67 - 06 77 28 65 37

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10 février 2006
Sarko dépassé sur sa droite au sein même de son parti


Visiblement, pour certains, le karcher n'est pas assez radical : le maire d'un village du Haut-Rhin devant le juge pour avoir incendié des caravanes de nomades

Le maire d'Ensisheim (Haut-Rhin) et quatre employés municipaux comparaîtront le 13 mars devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir incendié 14 caravanes de nomades installées illégalement sur un terrain municipal, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

Le maire, Michel Habig (UMP), et ses employés devront répondre de destruction de biens par incendie, un délit puni d'un maximum de dix ans de prison et de 150 millions d'euros.
"Les faits sont avérés, M. Habig et ses employés les ont reconnus et ne les contestent pas, ces cinq personnes sont donc appelées à comparaître devant le tribunal pour répondre de leurs actes", a indiqué à l'AFP le procureur de Strasbourg, Jacques Louvel.

Le 11 janvier, M. Habig avait donné l'ordre à ses employés de mettre le feu aux caravanes d'un campement de nomades, pour l'heure déserté de ses occupants, et il avait lui-même montré l'exemple avec un chiffon enflammé, devant trois gendarmes restés passifs.
Le maire estimait être en droit de prendre des mesures d'urgence, en vertu de ses pouvoirs de police, pour supprimer ce qu'il considérait comme "un véritable bidonville" composé d'épaves et de carcasses de caravanes, installé illégalement depuis des mois sur un terrain municipal.

Mais la justice a entamé des poursuites, estimant que de telles destructions ne pouvaient avoir lieu que dans un cadre légal tel qu'un référé, ce qui n'a pas été le cas.
M. Habig a donné des explications, elles ne nous satisfont pas en l'état", a indiqué le procureur.
Interrogé sur la présence passive des gendarmes sur les lieux le jour de l'incendie, M. Louvel a indiqué qu'il n'y avait pas "matière à poursuites", l'infraction de "non assistance à caravanes en danger" n'étant pas prévue par le code pénal.

Le procureur a précisé qu'aucune des personnes qui habitaient dans ces caravanes n'avaient porté plainte et qu'on avait totalement perdu leurs traces.

Le 11 janvier, les forces de l'ordre étaient venues en nombre sur le campement pour y effectuer des contrôles d'identité, à la demande du maire selon qui beaucoup des nomades vivant dans ces caravanes étaient des "étrangers, pour certains en situation irrégulière".
Les gendarmes n'avaient pu procéder aux contrôles, le camp ayant été déserté, mais trois d'entre eux étaient restés sur place pour observer ce qui s'y passait.

L'affaire avait fait grand bruit en Alsace, le maire d'Ensisheim recevant de nombreux soutiens, mais plusieurs associations de défense des droits de l'Homme se sont portées parties civiles, dont le MRAP.

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12 janvier 2006
Image de la police / Police de l'image


La police (et la gendarmerie aucune différence n'est faite dans cet article entre ces deux corps de l'Etat qui ont la même fonction) fait la chasse à sa propre image sur les sites internet et sur tout ce qui peut constituer un vecteur de communication. Les syndicats de policiers sont soucieux de préserver l'anonymat des fonctionnaires de police qui font leur métier dans la rue.

Etrange attitude de la part d'une institution qui se proclame républicaine et garante des libertés publiques.

Pourquoi la police a peur, ou aurait peur, de sa propre image ?

La plupart des sites internet et journaux se sentent obligés, sous la pression, de "flouter" les visages des policiers en action. Mais que craignent les policiers ? D'être reconnus ? Et alors ! Par qui ? Par celles et ceux qu'ils arrêtent, qu'ils contrôlent… mais ils le font à visage découvert. Par leurs voisins ? Leurs familles ? Leurs enfants ? Le citoyen Lambda ? Mais pourquoi ?

Peut-être s'agit-il d'un excès de timidité, d'humilité de la part d'un corps d'élite, à l'Histoire prestigieuse et sans tâche, totalement dévoué à la population et qui souhaite en toute humilité remplir sa mission dans un anonymat quasiment monastique ? Peut-être.
C'est une hypothèse à ne pas exclure. Mais un fait pourtant me fait douter de cette hypothèse: c'est l'agressivité déployée à l'encontre de ceux qui s'obstinent à obtenir des documents filmés sur les pratiques policières. Cette attitude agressive cadre mal avec l'humilité d'une mission. Alors ?

Alors, le mystère reste entier.

Certains individus assurément malfaisants et suspicieux affirment que la police se livrerait à des pratiques parfaitement contradictoires à l'éthique républicaine tel que tabassages, interrogatoires musclés, "contrôles ethniques" accompagnés de propos racistes, etc… ce qui expliquerait que les policiers ne veulent aucun témoin, aucune preuve.
Mais, honnêtement, qui peut croire de telles fables ?

Aucun policier n'a jamais reconnu de tels faits. Jamais leurs syndicats n'en ont fait état. Nous avons pour preuve du caractère parfaitement diffamatoire de telles allusions les propos tenus par tous les ministres de l'Intérieur qui ne manquent pas une occasion de louer l'esprit de responsabilité et de modération des policiers.
Nous avons pour preuve la parole même des policiers assermentés, porteur d'une parole officielle et donc forcément exacte. Nous avons également pour preuve le fait que les policiers portent systématiquement plainte contre les délinquants qui n'hésitent pas à les agresser… ces plaintes étant d'ailleurs souvent consécutives à des violences qui nécessitent des arrêts de travail pour cause de blessures. Et puis les enquêtes sur la Police sont menées par… la Police ce qui est évidemment une garantie absolue de neutralité et d'objectivité.
Enfin, la Justice qui plus est, institution parfaitement indépendante comme chacun sait - rendue au nom du peuple, qui innocente quasi systématiquement les policiers, apporte la démonstration au fait qu'ils ont une conduite exemplaire et exempte de toute dérive anti républicaine.

Alors ? Alors, on ne comprend pas.

Jamais des maçons au travail, des coiffeurs, des barmans, des infirmières, des enseignants ne se sont opposés à la diffusion de leur image. Jamais les pompiers n'ont fait obstacle à la diffusion des images de leur mission. La situation est d'autant plus curieuse qu'il n'existe pas des "films pompiers" ou des "films enseignants", ou des "films infirmiers", alors qu'il existe abondamment des "films policiers".

La fiction de la mission policière fait l'objet d'un art alors que la mission policière réelle doit rester dans le secret. Curieuse démarche.

Il existe, et c'est à noter, des "chiens policiers" mais il ne viendrait à personne l'idée de "flouter" l'image d'un chien policier. Alors ?

Cette aversion policière pour l'image est comparable à celle des "stars" de cinéma qui essayent d'échapper aux paparazzi. Leur popularité, si elle les sert, dans une certaine mesure dans leur métier, doit à la longue peser sur la vie quotidienne de la personne "pourchassée" par les photographes. 
Pourtant, à y regarder de près, les photographes de policiers ne se sont 
jamais intéressés à leur vie privée, aventures conjugales et autres frasques domestiques. Et puis, lorsque l'on photographie un policier surveillant une plage ou participant au secours en montagne, il ne s'oppose jamais au photographe, bien au contraire.

Alors ? Alors, le mystère s'épaissit.

Le policier fait-il la différence entre ses différentes missions ? Y en aurait-il qui seraient nobles et d'autres pas ?

Peut-être une piste pour comprendre. Mais alors y aurait-il des fonctions policières et républicaines respectables et d'autres non ? Et quels sont les critères qui feraient la différence? On ne m'a jamais parlé, et on ne parle jamais de cela dans les cours d'instruction civique.

Virer des chômeurs d'un local occupé, frapper des grévistes qui défendent leur emploi, traquer des sans papiers, serait-il moins noble que surveiller une plage ?

C'est une question qui n'est jamais posée, et surtout à laquelle le pouvoir et ses policiers ne répondent jamais, mais on ne peut pas penser à tout.

Le droit à l'image de la police dépendrait-il de la nature de la mission ? Plus on peut photographier, plus c'est noble, moins on peut, moins ça l'est ?

Pourtant dans tous ces cas il s'agit du respect de la loi, de la loi républicaine, de la loi démocratique. Cela voudrait-il dire que, dans certains domaines, les conditions pour assurer le respect de la loi ne seraient pas conformes avec l'éthique républicaine et au respect des Droits de l'Homme ? Voilà une intéressante question. Parce que cela voudrait dire également, et surtout, que cette même loi, pour être respectée, pour la faire respecter, on viole la dignité des personnes et que donc cette loi n'est que l'expression de rapports sociaux inégalitaires. Mais cela n'est pas possible puisque la "loi c'est la loi", elle est unique dans la définition et la référence aux principes de "Liberté-Egalité-Fraternité" dont justement les policiers sont les garants. Alors ?

Alors, il faut raison garder Tout ce raisonnement n'est bien sûr que pure spéculation. Il nous conduit à des conclusions aberrantes dans un système démocratique.

Conclusion: c'est par simple modestie que les policiers refusent d'être photographiés au cours de leurs missions.


Patrick Mignard

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10 janvier 2006
Exclusif : la police politique a été rétablie à Montpellier


On jette au cachot les opposants au changement de nom des lycées !

Communiqué à la Presse de Montpellier et région
Lundi 9 janvier 2006




Le Lycée professionnel de la Méditerranée, situé Boulevard Clémenceau à Montpellier, fait partie de ceux que Monsieur Frêche veut rebaptiser, en "Lycée Mendès-France". Les lycéens de ce lycée ont d'ailleurs récemment manifesté, et le proviseur a exprimé publiquement son désaccord avec le changement de nom. Il se trouve que j'habite juste à côté de ce lycée.

Découvrant hier (dimanche 8 janvier) deux autocollants placardés sur l'enseigne du lycée par la région, je m'insurge devant tant de mépris pour le respect des institutions, et sous le coup de l'énervement j'entreprends de décoller un des autocollants. Mais Frêche avait placé un vigile, payé par l'Agglomération de Montpellier (qui n'a pourtant aucune compétence en la matière !!!), qui me bloque et à me fait arrêter par la police.

Ce vigile, peut-être conseillé par son donneur d'ordre ou par la police, rajoute à ses déclarations une accusation de violences avec armes, accusation parfaitement loufoque et sans preuves, que j'attaquerai prochainement au titre des dénonciations calomnieuses. Je suis en effet d'un naturel paisible, un docteur en physique âgé de 32 ans, pas vraiment un adepte des menaces avec arme !

Enfin, on me place en garde à vue : 24h dans un cachot bruyant et malodorant de 5 m² au sous-sol, éclairé toute la nuit, avec seulement un lit en béton et une couverture sale, sans contact avec mes proches ni avec mes employeurs. Cette pratique est censée ne concerner que les criminels dangereux, les délinquants susceptibles de s'enfuir, ou les terroristes susceptibles de contacter des complices. Mais pour un simple autocollant, même si le prince y accorde tant d'importance qu'il le fait surveiller par un vigile privé ??? Le parquet, semble-t-il, a reçu une consigne de ne pas laisser "l'affaire" impunie ! S'ensuit une audience en comparution immédiate (encore une mesure exceptionnelle !), à laquelle je parais entre deux policiers, avec les menottes à proximité immédiate.

Tout ceci pour quelle conclusion ? Le Conseil Régional demande le renvoi, afin de pouvoir
demander une réparation des dommages (sans doute quelques euros pour un nouvel autocollant, qui était déjà en place 24 heures plus tard !). Donc tout cela pour rien, je suis enfin libéré, et le jugement aura lieu au tribunal correctionnel, vendredi 27 janvier à 14 heures.

Comment comprendre qu'un dommage aussi léger soit traité de la sorte, alors que Frêche qui est coupable de multiples voies de fait autrement plus graves (blocage de l'accès à la fac de droit, démontage de panneaux fléchés "Polygone" ne lui appartenant pas, publicité à son effigie de 20 m² sur l'hôtel d'agglo alors que la limite dans ce secteur est fixée à 2 m² pour les affiches publicitaires), outre des dérives mussoliniennes avec l'affichage de sa tête dans toute la ville, et d'innombrables irrégularités que Ferran défend à plein temps au Tribunal Administratif, n'ait pour l'instant pas été inquiété ou enfermé.

Ceci est bien entendu ridicule, je compte donner la plus grande publicité (presse nationale, monde associatif et politique, etc…) à cette affaire. Dans cette lamentable affaire, j'ai perdu une journée dans des conditions pour le moins sordides. Par contre, Frêche a ainsi gagné, c'est certain, le droit de passer pour un petit Roi Ubu totalement déconnecté des réalités, et il a également gagné en ma personne quelqu'un qui luttera désormais contre toutes ses dérives sans lésiner sur les moyens.
Frêche quittera le pouvoir par la petite porte, poussé vers une retraite forcée, à moins qu'il ne soit d'ici là rattrapé par sa maladie ou par son état psychiatrique.


Michel Julier

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31 décembre 2005
Voix sans issue


Emoi dans les mairies en cette fin d'année : les jeunes, issus de l'immigration, s'inscrivent massivement sur les listes électorales. Malgré le fait que l'inscription est désormais automatique, ce mouvement n'est pas sans intérêt et c'est un révélateur... mais de quoi ?

La révolte des banlieues n'est certainement pas étrangère à ce regain de civisme électoral. Il en faudra cependant plus pour faire de cet épisode un facteur essentiel de changement.


La scène et ses coulisses

C'est avec soulagement que les politiciens voient les jeunes révoltés des banlieues abandonner le cocktail molotov pour la carte d'électeur. Ceci signifie au moins une chose, c'est qu'ils ont décidé de changer de méthode.
"Enfin, se disent les politiciens, nous voici revenus en terrain connu". Cette poussée juvénile de civisme électoral n'est évidemment pas sans arrière pensée politique. L'important, pour eux, n'est pas que ces jeunes se sentent citoyens (ils n'en ont rien à foutre et l'ont montré depuis des décennies) mais, surtout, qu'elles conséquences électorales va avoir ce nouveau phénomène.

Il faut dire que cette prise de conscience de la nécessité de la participation électorale ne s'est pas faite spontanément.
Tout ce que notre société compte de personnages "médiatico influents" susceptibles de plaire aux jeunes s'y est mis. Vedettes du "chobize" multimillionnaires, sportifs-vedettes - non moins multimillionnaires - ont fait le forcing pour canaliser la révolte vers des horizons compatibles avec leurs situations de nouveaux riches privilégiés.
Il est vrai qu'aujourd'hui, dans notre société, les maîtres penseurs ne sont plus celles et ceux qui ont réfléchi et ont quelque chose à dire, mais les sportifs médiatisés, judokas courtisans, cycliste dopés, chanteurs défoncés/déjantés, acteurs mégalos, qui marchent la main dans la main avec les politiques dont ils sont ou croient être les faire valoir.

Les politiques ne sont pas non plus restés inactifs.
Des organisations comme "SOS Racisme" et "Ni putes ni soumises" dont il est de notoriété publique qu'elles sont le "cache sexe" du Parti Socialiste (si tant est que le PS ait encore un sexe !) ont agi, en sous main, dans les cités, pour gonfler la clientèle électorale de ce "parti".
Les autres organisations de gauche ne sont pas en reste et espèrent bien récupérer quelques dérisoires miettes de cette opération.
La droite, quant à elle, a essayé de jouer de la peur pour radicaliser un électorat, minable et peureux, prêt à se jeter dans les bras du premier démagogue venu. Comme Harpagon comptant ses sous, les "maffiosi" politiques commencent à faire leurs comptes.

Si, en coulisse, l'ambiance est plutôt nauséabonde, sur scène tout est clean.
Les jeunes interrogés veulent véritablement être reconnus et le seul moyen qu'on leur donne à espérer est celui de voter... Mais voter pour qui... et pour quoi faire ?


La farce et ses dindons

Voter pour qui et pour quoi faire ? C'est la bonne question, à laquelle nul ne répond. Et pour cause !

Curieusement, dans une logique de désengagement électoral (voir les taux d'abstention), des jeunes font le choix d'aller voter. Alors ? Sursaut d'une génération qui a repris confiance dans les charmes vénéneux de la démocratie marchande ? Certainement pas !
Plutôt l'expression d'un état de dépolitisation absolu qui, soumis à la pression politicienne ambiante, largement appuyée par les médias, exploitée par les requins de la politique, découvre, ou plutôt va découvrir, ce que beaucoup ont déjà dénoncé : la farce électorale.

La volonté de devenir acteur, de pouvoir s'exprimer passe, officiellement, dans notre société, exclusivement par le canal électoral : "Votez, on fera le reste !".
Seul problème : si les élections servaient véritablement à changer les choses, ça se saurait depuis longtemps. On le sait et on en fait l'expérience à chaque scrutin : les élections passent, les promesses s'accumulent, les candidats se multiplient, ... mais rien ne change.

Les jeunes qui croient que l'utilisation du bulletin de vote va changer leur vie vont être évidemment vite déçus, comme toutes celles et tous ceux qui y ont cru. Ils vont être, eux aussi, les dindons d'une farce qui va engraisser un classe politique parasite, laquelle n'hésitera pas à réutiliser la force... lorsque les illusions et les mirages se seront estompés.

Quand le pouvoir politique, suite à des troubles sociaux ou à l'agitation sociale, siffle la fin de la récréation, cela signifie qu'il faut rentrer dans le rang et la meilleure manière de procéder est de remettre les pendules à l'heure en envoyant tout le monde dans l'isoloir...
On n'est généralement pas surpris du résultat qui est toujours le même : on prend les mêmes et on recommence, comme avant.


Le grenouillage politique va s'amplifier à l'approche des futurs scrutins.
Il y avait longtemps que le "marché électoral" n'avait pas de nouveaux "consommateurs". C'est désormais chose faite, avec cette nouvelle frange de jeunes.

Le marketing électoral va pouvoir s'en donner à coeur joie.


Patrick Mignard

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29 décembre 2005
Au doigt et à l'oeil :
quand vidéo-surveillance et biométrie resserrent les petites mailles du filet


"Moi, j'ai rien à me reprocher, donc rien à cacher. À partir de là, je ne considère pas que les caméras empiètent sur ma vie privée. Et puis s'il faut en venir là pour vivre en sécurité, alors allons-y. Mieux vaut prévenir que guérir. Regardez Monaco, il y a des caméras absolument partout et personne ne s'en plaint !"
Henri Chabert, serveur, 53 ans, Grenoble, dans Le Dauphiné Libéré, 11/10/2005


Lettre ouverte à Henri Chabert, un homme qui n'a rien à se reprocher par Sébastien Thomasson, Grenoble, décembre 2005

Où l'on rappelle que la vidéo-surveillance est un moyen parmi d'autres de "faire la police"

Cher Henri,

Tes propos dans le Dauphiné Libéré du mois dernier m'ont bouleversé. Jusqu'à présent je désespérais de te rencontrer. Aujourd'hui je sais que tu existes, et rien ne sera plus comme avant. Tu es Grenoblois comme moi, mais ton âge t'a permis d'acquérir une expérience que je n'ai pas encore.

En toute humilité, je voulais te faire part de mes réflexions sur la vidéo-surveillance. Sans doute les réponses que tu m'adresseras dissiperont-elles les derniers doutes qui me tourmentent. J'ai lu quelques articles de journaux et visité quelques sites Internet pour comprendre ce que sont les caméras. Bien sûr, en quelques phrases lapidaires dans le journal, tu as su faire le tour de ce sujet mieux que je ne saurais le faire. Je me lance quand même.

"Grenoble n'est pas Big Brother". La phrase fait le gros titre de la page 2 du Dauphiné Libéré, ce mardi 11 octobre, à quinze centimètres à peine de ta photo. Le titre est suivi d'un article qui se veut rassurant. Comparé à Lyon, le centre-ville de Grenoble semble dépourvu de caméras.
Interrogé, le maire de Grenoble affirme ne pas avoir "la religion de la vidéo-surveillance" : "Grenoble a, en effet, un dispositif limité à la surveillance des transports en commun, la surveillance des bâtiments publics et de l'espace public dès lors qu'il pose des problèmes particuliers".
On appréciera les "limites".
Mais on reste dans le cadre de la loi sur la vidéo-surveillance mise en place en 1995 par Charles Pasqua. Selon Michel Destot, "Pour nous c'est un outil qui doit être utilisé de manière raisonnable et raisonnée avec des objectifs précis".

Mais qui dit objectifs précis ne dit pas objectifs réduits. "Des objectifs précis, Jacques Chiron, président de la Sémitag, en a : tous les tramways et une grande partie des bus en sont équipés. Les images sont enregistrées et conservées dix jours" (1).


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24 décembre 2005
Pourquoi j'ai nourri les vers de compost avec ma vieille carte cégété


... ou comment la cégète nuit grave au rassemblement des intermittents en Languedoc-Roussillon

Il faut bien l'admettre et larmoyer (oui, elle va larmoyer du syndicat spectacle LR) ne sert à rien : les syndicats sont bien l'ultime rempart qui protège le capitalisme ! Enfin, pas tous, Sud et la Cnt, seuls dans cette marée collabo, font encore front et joignent le geste à la parole.
Les autres, depuis longtemps, glapissent autour de la gamelle servie par le chef du gouvernement, le medef en personne.

Depuis toujours, il y en avait un qui rechignait, il voulait bien choper des morceaux mais, attention ! pas devant les autres. Lui, il était différent et fallait pas la lui faire, le taulier y devait en baver avant de lâcher son graillon, tout le monde l'appelait Cégété et je croyais bien voir là un bon cheval ; alors, hue coco remue donc dans le brancard !
Si j'dis coco, c'est pas parce dans son pédigree, par filiation, y'a "L'Humanité de Lagardère" et que la transmission se fait toujours avec les bonnes vieilles courroies Pc. Les dirigeants changent mais les méthodes restent.

D'ailleurs à Montpellier, c'est lui qui veut être le chef de bande des intermites, au moins depuis 2003. Les intermites, il essaie tant bien que mal de les faire manoeuvrer, mais c'est pas facile, ces bestiaux là ! Certains n'en font rien qu'à leur idée et pour d'autres, c'est pire : y s'organisent en collectif de cul'tureux...
Holà ! pas de ça au clapas, vont nous casser not'machine à revendiquer peinard avec nos potes du conseil R, du conseil G, ou des aff'cul, c'est selon ! Peut-être même qu'ils veulent foutre en l'air notre bonne galtouse !
Quand même ! Avoir de l'entregent, ça aide pour débloquer la sub... ou avoir un petit boulot.

Alors z'y va que j'te traîne des pieds dans les AG, en 2003, que j'te sabote le rendez-vous de Cannes, en 2004 (là, tellement c'était gros, j'ai déchiré ma carte) et, en 2005, ce 20 décembre à Montpellier, plaf ! une claque dans ta gueule, car j'ai pas besoin de toi. Je me débine et je vais tout seul voir les élus de la Région social libérale pour faire un voeu qui demanderait aux députés d'activer leur popotin pour, peut-être, en 2006... une proposition... de loi... si y veulent bien faire un geste... repassez, on vous écrira !

Bref ! De la grande cégété, en pleine forme d'une petite poignée de militants, qui se la joue perso en espérant les bons marrons tirés du feu pour alimenter la planche à adhésions.
La cégète, c'est le chien de garde du berger qui rassemble les esprits pour les remettre dans le bon chemin, celui de la lutte contresignée par Frêche, le grand timonier matraqueur de l'opéra.

La proposition de loi, d'accord, mais pas sans une pression résolue dans la rue sinon, là haut, vont bien rigoler avec le bon voeu du président et de sa région !

Pourtant je le savais bien ! ça fait bien longtemps que la cégète aboie mais n'a plus de dents pour mordre.
Elle rejoint, à reculons, car y'en a bien qui renâclent, mais elle y va tout droit dans le moule encore bien chaud laissé par la Cfdt, cette niqueuse de précaires, croqueuse de rmistes.

Comment expliquer tous ces conflits étranglés, traminots, dockers et tant d'autres agonisant dans un lent pourrissement, (ou le nôtre même), que par l'inertie voulue, par la volonté délibérée de laisser au camp libéral son avantage ?
Sous des dehors de va-t'en-guerre autorisé par la préfecture, la Cégété a déjà choisi son côté, ses dirigeants et leurs porteurs d'ordre locaux lorgnent plus vers le Conseil Economique et Social que vers la rue et le temps des cerises.

En cette période de glissement progressif vers le sarkosanspen, mieux vaut connaître ses faux amis et ne plus attendre d'eux, qu'ils veuillent bien rejoindre un mouvement qu'ils s'empresseraient de saborder.

Croire que la Cégète peut encore porter l'espoir de luttes réserve de sévères désillusions à ses laudateurs, car elle en est le plus grand fossoyeur. Regardez comment se terminent les grèves les plus dures et appréciez l'art de retourner au boulot, avec des miettes, en disant : "nous reprenons le travail avec fierté et la tête haute". Cocufiés comme pas deux par Thibaut, et ses agents d'ambiance, sur l'autel libéral.

Et on a toujours l'air étonné d'avoir été trahi par un appareil qui reprend la main, dès la tête tournée, très pressé d'en finir avec des turbulences qu'il a du mal à contrôler ; mais on y retourne encore et encore ; on veut la convergence, l'unité.
Mais elle s'en tape le coquillard, elle protège d'abord son fonds de commerce. Ben oui, c'est son gagne pain d'enterrer les luttes ! 

La contre partie c'est la gestion de la formation ou celle du comité d'entreprise, ou de bons boulots dans les organismes paritaires... ça représente une somme ça, mon cochon !
Comment voulez vous, ensuite, mordre la main de ce pouvoir qui donne tant de mou à la laisse ?

La situation sociale est pourtant tellement pourrie que, s'il n'y avait pas blocage par ces faux gueulards, la grève générale serait forcément réalité. Alors, fuyons la compagnie de ces confédérations qui veulent se donner l'air, mais qu'on pas l'air du tout ! Faut pas jouer la révolte quand on en veut pas du tout.

Tous ensemble, tous ensemble jouons du pipeau ! ça n'engage à rien, mais ça endort les plus crédules !
Y'en a qui seront pas déçus aux élections professionnelles !

Haut les coeurs, ne nous battons pas la coulpe, toute cette huile jetée n'est pas perdue pour les explosions à venir.
Eh ben voilà ! Mes vers ont bouffé toute la carte et maintenant les v'là bien malades. Atomisés que j'vous dis !!!

à +

djméo

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